Elections régionales : Un antidote à l’abstention ?
Quant au Modem de François Bayrou, c’est une véritable Bérézina politique. Vraies fausses nominations d’avant campagne, candidats déboutés ou démissionnaires, déclarations et erratums successifs, c’est au tour de Corinne Lepage de claquer la porte du parti centriste. Rien ne vas plus dans le camp orange.
Aujourd’hui, la majorité présidentielle largue ses ministres au coeur des régions, là où l’espoir de renverser la situation demeure encore. François Fillon, Brice Hortefeux, Xavier Bertrand battent le pavé en Province à la rencontre des électeurs indécis, des citoyens désabusés et des abstentionnistes. La résurgence du Front National oblige l’UMP à relancer une série de discours et de déclarations sur l’insécurité afin de tirer à soi une frange d’électeurs tentés par le vote frontiste. Un poil à la vite …
A gauche, c’est l’union sacrée même si Martine Aubry, préfère parler « de rassemblement plutôt que d’une gauche plurielle » en création. C’est ainsi que Cécile Duflot d’Europe Ecologie, Marie-Georges Buffet du Front du Gauche et la première secrétaire du Parti Socialiste affichaient des mines réjouies ce matin dans un café parisien pour officialiser leurs ententes nationales à quelques exceptions près pour ce second tour des régionales. Et comment ne pas évoquer cette réflexion sur l’abstention de la part de Laurent Fabius ce matin chez nos confrères de I-Tele, » Voter devrait être obligatoire et ne pas le faire devrait engendrer des amendes ». Certes, Voter est un devoir mais ne pas le faire rentre dans le cadre des libertés fondamentales de chaque citoyen à jouir de sa responsabilité et de sa liberté à ne pas s’exprimer. Oui, tout cela ressemble véritablement à une brillante cacophonie nationale.
Dans tous les cas, ce remue ménage politique de dernière minute n’inspire pas une fermeté de convictions et n’en appellent pas à des lignes politiques claires d’où qu’elles viennent. On s’agite, on déclame, on brasse, on s’invective plus fermement chaque minute à l’approche de dimanche en espérant récupérer sur le fil chaque électeur dubitatif.
Entre les ambitions des uns, les guerres électorales des autres et les avenirs politiques personnels qui se jouent dimanche tel que celui de Valérie Pécresse en région Île de France, il est vivement recommandé de se plonger dans le dernier ouvrage de Stéphane Leneuf » Le Goût du Pouvoir » paru chez Bourin Editeur. On pourrait espérer que s’il est lu avec promptitude dans les 3 prochains jours, quelques abstentionnistes tourneront leurs vestes pour raccrocher le wagon du dynamisme électoral… ou pas.
Stéphane Leneuf est rédacteur en chef adjoint à France Inter. Il propose un portrait de 15 personnalités politiques qui joueront probablement dans les prochains mois ou les années à venir un rôle politique important ou majeur. On peut y retrouver Manuel Valls, Nathalie Kosciusko-Moriset, Jean-françois Copé, Rama Yade, Bruno Le Maire, Benoît Hamon ou encore Arnaud Montebourg dans une série d’entretiens assez courts mais très bien ficelés.
Ce sont quinze rencontres qui tentent de pénétrer la sphère politique de chacune de ses personnalités avec beaucoup de talent et avec une volonté affirmée d’appréhender l’homme politique dans ce qu’il a d’humain. On y apprend par exemple que Valérie Pécresse « a fait HEC pour être complètement indépendante de ses parents et sa volonté première était d’être libre. » Plus loin, on découvre qu’elle « connaissait Jacques Chirac car son grand-père était le psychiatre de la fille aînée de l’ancien Président de la République « . Ou bien que Aurélie Filipetti, au début de sa carrière politique, alors qu’elle est investie par Ségolène Royal en 2006 dans la 8ème circonscription de Moselle est taxée, par les représentations socialistes locaux de « bobo » parisienne parachutée depuis le 5 ème arrondissement de la capitale ». Luc Chatel, quant à lui, a commencé comme chef de Projet chez L’Oréal pour accéder rapidement au poste de directeur des ressources humaines. Il avoue même qu’il se surprenait, chez des amis, à investir leur salle de bain pour savoir quels étaient les produits cosmétiques qu’ils utilisaient. A ce jour, on a du mal à imaginer cette scène mais c’est aussi l’un des aspects délicieux de ce livre.
L’ouvrage de Stéphane Leneuf humanise pour la plupart les hommes politiques qui se sont prêtés à ses interviews. Mais ce qui subsiste fermement comme le dénominateur commun entre ces 15 figures politiques, ce sont les ambitions de chacun, peu importe leurs parcours, leurs origines, leurs objectifs ou leurs travers, pour accéder rapidement aux plus hautes marches de l’Etat.
Un livre à lire pour découvrir, apprendre ou se familiariser à ces femmes et ces hommes qui se sont lancés à corps perdus dans le monde politique avec ce qu’il comporte » de violent, de compétitif » et de finalement très humain. » Le Goût du pouvoir » sera t-il un antidote à l’abstention ? Peut-être pas mais il aura le mérite d’éclairer et de ramener à certaines réalités de la vie politique: la recherche plus ou moins sous-jacente mais permanente du pouvoir.
» Je dirais que nous sommes des gens normaux et beaucoup moins décalés par rapport à la vie de M.Tout-Le-Monde. » Luc Chatel – P141 – Le Goût du Pouvoir
Le Goût du Pouvoir
Stéphane Leneuf
Bourin Editeur
204 pages
18 €
Nicolas Vidal – BSC NEWS.FR