Rébecca Dautremer : La perfection du trait et de l’illustration

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Un matin, en service de presse, un cadeau inattendu: l’Art Book de Rébecca Dautremer! Un livre magnifique dont je me suis saisie avec la main aussi fébrile qu’une enfant qui découvre un trésor. Au fil des pages ont fleuri des émotions opposées. Des rires provoqués par l’humour espiègle de l’illustratrice. De l’admiration devant la perfection du trait. De la tendresse pour les personnages croquignolets qui peuplent son univers onirique. Et soudain, aussi, de la nostalgie face au visage d’une jeune fille lointaine et songeuse qui m’a braqué l’estomac en un coup de cuillère à pot. Car, sur le papier glacé, je venais de retrouver une vieille connaissance scotchée longtemps au dessus de mon bureau estudiantin. Alors devant tant de génie de pinceau, de crayon, de collages, d’objectifs, ma curiosité grandissante a dévalisé Google de ses informations et j’ai constaté toute l’ampleur du travail de la jeune femme! Déjà consacrée d’un portfolio, c’est trop d’honneur, m’a-t-elle confiée. J’aurais ici l’audace publique de la contredire: cet ArtBook consacre l’évidence du talent! Il récompense la créatrice -d’un Cyrano oriental, d’un Petit Poucet , d’une fleur de Kenzo, d’une Baba Yaga, d’amoureux, de princesses toutes plus excentriques et magiques – mémorables! Et aujourd’hui d’un film d’animation nouveau-né en salle, «Kerity et la maison des contes», à voir absolument! Sachez-le: Rébecca Dautremer, c’est de l’incontournable! Elle conquiert petits et grands avec un égal succès! La preuve en mots et en images….

D’où est partie l’idée de ce Artbook? Et quelle définition en feriez-vous? Cette compilation-plaisir de vos projets déjà édifiés ou en cours? Cherche-t-elle à faire un portrait exhaustif de vos activités? Ou voulait-elle surtout montrer à vos lecteurs que d’autres arts que l’illustration vous tiennent à coeur?
Rien d’exhaustif dans ce bouquin-là. J’avais envie, comme je l’avais fait précédemment dans le cadre d’une petite exposition où j’avais fait publier un petit catalogue, de montrer, en dehors des illustrations que l’on peut découvrir dans mes albums et qui sont déjà publiés, mon travail de dessous du bureau si vous voulez. Des croquis, des photos, des travaux personnels qui font aussi partie de mon travail. J’avais envie de mettre en regard les illustrations publiées dans certains albums que les gens connaissent bien et un travail plus personnel qui donne un sens différent. Je l’ai fait pour le plaisir, c’est un portfolio.


Illustratrice, graphiste et photographe? Qu’est-ce qui vous attire dans chacune de ces disciplines?

Alors moi je suis vraiment illustratrice, pas photographe. Graphiste, c’est un terme un peu générique qui me convient pas mal aussi mais je ne prétends pas être photographe ou, en tous cas, très amateur. Ce que j’aime de façon générale, c’est faire de l’image: peu importe qu’elle soit photographique ou peinte ou collée ou scotchée! Si j’avais pu pouvoir m’exprimer par la photo, je l’aurais fait mais la technique est très lourde et finalement on est bien plus libre dans l’illustration et l’image peinte.


Cet Art book semble un portrait personnalisé où se mêle vie privée et création artistique? Est-ce pour matérialiser sur la page le fait que, dans votre vie, les deux domaines sont intimement liés?

Je n’ai pas vraiment fait de théorie là-dessus. Ma vie, c’est mon travail et ma famille… enfin, c’est un ensemble. Je n’ai pas l’impression d’exercer un métier ou d’aller au boulot le matin, vraiment pas. Et je travaille chez moi donc tout est extrêmement mélangé. Après, je n’avais pas besoin de le montrer mais c’est un fait. C’est là.
L’art semble éclabousser toute votre vie….
Mon travail se mélange à ma vie de tous les jours, je n’ai pas forcément de week-ends. Mon cerveau ne s’arrête pas lorsque je sors de mon bureau par rapport à mon travail, c’est quelque chose qui m’habite tout le temps.

Cet artbook se suit comme un livre interactif… dont vous êtes l’héroïne? Dont le lecteur est un décideur actif? Dont il prend plaisir à aborder de façon capricieuse et aléatoire les pages du livre?
C’est ça… quand on fait un Artbook, il faut choisir une façon d’ordonner les images et les éléments. On peut les ordonner chronologiquement mais bon, je n’ai quand même pas une carrière de quarante ans derrière moi, ça aurait été un peu absurde et puis je trouvais ça ennuyeux… j’aurais pu les ordonner par thèmes aussi ou bien mettre les livres d’un côté, la pub de l’autre, l’animation encore d’un autre côté, ça me semblait aussi assez embêtant donc j’ai préféré faire ça par association d’idées plus ou moins loufoques, plus ou moins logiques et puis, oui, je voulais que le lecteur se perde… comme s’il fouillait dans le bureau de quelqu’un et qu’il tombait sur quelque chose et ça l’amène à autre chose… oui, c’est vraiment ça. C’est une invitation libre à fouiller.

La première de couverture est un auto-portrait émouvant. Comment s’y prend-on pour aborder son autoportrait? Qu’est-ce qui prime, pour Rebecca Dautremer, la réalité physique ou les aspirations et goûts de l’intérieur? Diriez-vous qu’un auto-portrait, c’est le portrait transperçant et juste qu’une photographie ne fera jamais?
Alors ce n’est pas vraiment un auto-portrait. Je n’ai pas cherché à me dessiner. D’abord je suis nulle pour faire des portraits, je n’y arrive pas. Et si vous relisez la page de garde du Artbook, vous verrez qu’au départ je me suis dit « tiens, est-ce que je fais un auto-portrait? » puis ça me gênait, en fait, je trouve ça très gênant de faire un auto-portrait donc c’est vrai que j’ai fait un profil qui ressemblait un peu au mien et puis après je me suis dit « non, il faut que ce soit plus ambigu que ça » donc j’ai tiré vers un portrait d’un homme. Je voulais quelque chose d’un peu androgyne, qui accroche l’oeil, oui, faire simplement le portrait de quelqu’un qui fasse tourner la tête. C’est vraiment tout. Après le fait est qu’il y a certains gens qui me reconnaissent, d’autres pas. Mais c’est un mélange entre un homme et une femme. Moi, je suis tout à fait blanche, lui est assez typé. Voilà ,après j’ai la même coupe de cheveux mais…c’est un mélange: un auto-portrait non assumé.

Certaines vies de Rébecca Dautremer
Certaines vies de Rébecca Dautremer

Ce « book » commence par une interview amusée de vous par votre mari. C’est un autre auto-portrait porté par un regard qui vous est cher. Une envie de jouer? avec des oui qui s’égrènent et montrent par là votre pudeur?….. un jeu amoureux?
Lui, il a pris ça comme ça, comme un jeu. Pour moi, il est difficile de faire un auto-portrait qui soit peint ou écrit: c’est difficile de parler de soi, j’ai du mal à écrire « je » par exemple dans les phrases, oui, oui, par pudeur, c’est certain. Aussi, de façon détournée et avec un peu d’humour, on arrive à parler de soi sans trop se mettre en avant quand même.

Ce livre semble être à déchiffrer comme si vous nous donniez des renseignements sur vous dans un jeu de piste en énigme….je me trompe?
Très bien, si c’est cela votre perception, ça me va. Tant pis si les gens ne comprennent pas tout. Parce que je n’ai pas envie de faire de théorie sur moi-même et par sincère modestie – je n’ai pas à raconter ma vie, elle ne mérite pas plus que ça d’être racontée – je préférais que ce soit un peu sensible et poétique et que les gens ne sachent pas trop à qui ils ont à faire. Il y a des éléments très privés mais j’ai 38 ans pas 85 donc je n’ai pas de leçon à donner. J’ai fait ça plutôt avec des infos un peu cachées, avec de l’humour et juste pour le plaisir d’inviter quelqu’un chez soi et puis on découvre la personne, on s’y plaît ou on s’y plait pas mais.. c’est une rencontre quoi.

L’amour est-il un moteur essentiel de votre créativité? Chacun de vos dessins est porté par un souffle particulier et par une irrépressible envie de sublimer. Est-ce le résultat d’un regard personnel fondamentalement optimiste?
Ah ben ça alors! C’est vrai que moi les gens m’intéressent tous, même les méchants! Donc après, à vous de voir ce que ça veut dire mais je trouve les gens très beaux, tous, souvent et même les très méchants …enfin, c’est rare en même temps de trouver des gens sans intérêt. Bon, en même temps, je n’ai jamais rencontré de vrais méchants dans ma vie.


« Ce n’est pas parce que c’est inventé que ça n’existe pas». Est-ce un peu votre philosophie?

Oui, il se trouve que oui. Ce n’est pas moi qui l’ai inventé mais oui, ça me convient bien. Ce n’est pas parce que ça n’existe pas qu’on ne doit pas s’y plonger.

Vos travaux s’adressent d’abord aux enfants? Cet artbook ne semble pourtant pas cibler les enfants…. S’adresse-t-il à des gens qui ont gardé l’espièglerie de leur enfance? Comme vous?
C’est un fait, je ne suis pas la seule dans ce cas… il y a beaucoup d’auteurs de livres pour enfants qui travaillent d’abord à destination des enfants: ce sont les paramètres de départ. On travaille avec des éditeurs pour enfants pour mettre les bouquins dans les rayons pour enfants mais la moitié au moins, voire plus, de ces livres-là sont achetés par des adultes, des gens qui s’intéressent au travail de l’image des illustrateurs et qui ne peuvent pas trouver l’équivalent dans les rayons pour adultes tout simplement. Les livres illustrés, les images de ce type-là, elles ne sont destinées, commercialement et en théorie, qu’aux enfants. Pour les adultes, il y a les bandes dessinées mais c’est un autre domaine. Les romans illustrés ou les livres illustrés pour adultes , ça n’existe pas ou c’est très très rare. Si ça ne se fait pas, c’est que, commercialement parlant, ça ne doit pas fonctionner, je ne sais pas, mais en tous cas le fait est qu’il y a un public adulte qui est demandeur de ça et moi quand je suis en dédicace, je pense que 60 à 70 % de mes bouquins sont vendus pour les adultes. Donc j’ai conscience qu’il y a ce public-là qui existe et j’ai plaisir à pouvoir parler de mon travail avec des plus grands, de parler de sujets qui touchent moins les enfants. Ce livre-là est donc ostensiblement dédié aux adultes, aux plus grands en tous cas… pas forcément besoin d’être très vieux.


Comment illustre-t-on pour des enfants? Votre travail de création s’entreprend-t-il différemment selon le public visé?

Non, pas particulièrement. Comme j’illustre des textes qui sont a priori destinés aux enfants , je suis amenée à m’intéresser à ce public-là mais je mets les images que j’ai envie de mettre et les enfants prennent ce qu’ils ont envie de prendre et les grands aussi. Mes images sont des dessins qui sont clairs, lisibles et faciles à comprendre après chacun y met ce qu’il veut. Je ne me dis pas « Attention, je travaille pour les enfants! ». Pas du tout. Je ne mets pas de barrière moi, entre les enfants et les parents. Je fais des images pour les gens, après…

C’est un portfolio qui ne manque pas d’humour. Rire est-il un moyen de pallier votre dimension relative au rêve, une façon de revenir un peu sur terre et de vous montrer plus accessible?
Oui, il faut vraiment pas se prendre au sérieux, ça, c’est certain. Et puis j’ai eu la chance de faire ce livre-là. L’éditeur me l’a proposé et c’est quand même une opportunité qui n’arrive pas tous les jours… Je voulais prendre ce livre sur un ton un peu léger parce que je n’ai ni l’âge ni la carrière derrière moi pour justifier de tout ça et puis c’est vrai que quand on fait des choses très poétiques, très oniriques , de temps en temps on a besoin de marcher un peu dans les flaques et d’éclabousser l’ensemble. C’est bien que ce soit onirique et poétique mais il faut que ce soit rigolo aussi. Sinon, ça devient niais.

Ainsi, pour montrer que Rébecca Dautremer adore la dérision, elle affirme dans son Artbook que lorsqu’elle dessine des fils électriques, elle pense d’abord à l’esthétique avant de théoriser…
Ben voilà, il ne faut pas faire de grandes théories fumeuses… ça me plaît d’être simple. Oui, j’aime tourner en dérision ces choses-là et puis si on croit trop aux choses du rêve, ça devient ridicule , ça devient niais; C’est bien d’y croire mais…

Vous affirmez ( dans un interview que j’ai lu sur le net) que vous êtes plutôt grand format: pourquoi? Est-ce parce que vous n’aimez pas être limitée?
Alors ça, sur le net , méfiez vous…

Les contraintes sont-elles libératrices ou castratrices pour vous?
C’est intéressant la contrainte. Le jeu, c’est d’arriver à la détourner et, si vous parlez de format, c’est vrai que souvent j’ai travaillé sur des grands formats parce que l’image a une ampleur et une présence forte. Récemment j’ai fait un livre qui s’appelle Le journal du Petit Poucet qui est un tout petit format. J’ai trouvé cela très intéressant parce que la contrainte force à adopter des techniques qui remettent les choses en question et ça peut être riche, ça peut apprendre beaucoup.

Y-a-t-il des éléments obsessionnels dans vos illustrations? Les foulards? Les ailes? Les fleurs rouges et fragiles ?
Oui, c’est un fait que je prise les fils, les petites choses, les petits grains, les petites fourmis, les petits trucs, je ne sais pas pourquoi… Les petits détails, les grains de sable, les choses fines. En fait, ce qui est joli et fascinant ,ce sont les contraires…une toute petite chose fine à côté d’un grand espace vide, des choses très détaillés à côté de quelque chose de très grossier…


Diriez-vous que votre imaginaire est sensiblement féminin?

Pas volontairement… Mais je vois bien que les filles y sont plus sensibles mais j’avoue que je me réjouis vraiment quand un homme s’intéresse à mon travail, ce qui arrive…

Vos personnages mêlent souvent, peau mate ou très blanche, yeux bridés, lèvres épaisses. Est-ce une volonté d’universalité? Les visages doivent être d’ici et d’ailleurs pour toucher davantage?
Non, je n’ai pas de théorie là-dessus, on m’a fait remarqué que tous mes personnages avaient un type asiatique. Franchement, quasiment, je n’avais pas remarqué. Je n’ai vraiment de raison pour le faire, je trouve ça joli, je le fais! Ce n’est pas une volonté du politiquement correct, je sais que ça pourrait relever de ça…

Je le percevais pour ma part comme une démarche esthétique…
Oui, effectivement, si je trouve qu’un personnage à la peau noire convient mieux avec mon costume rouge, je le fais. Peu importe qui il est… Les illustrateurs ont la liberté de mettre les acteurs comme ils veulent, là où ils veulent, il faut en profiter.


Parmi tous ces personnages que vous avez fait vivre, pour ne parler que de lui, qu’est-ce qui vous a séduit/fasciné dans l’histoire du Petit Poucet? Sur quels thèmes essentiels avez-vous travaillé avec Philippe Lechermeier?

Le texte, comme souvent, est venu en amont. Philippe Lechermeier a écrit son journal qui, au départ, devait être illustré mais très succinctement. Il m’en a parlé comme ça, je devais juste apporter quelques petites annotations dans la marge, comme aurait pu être le vrai journal de quelqu’un qui, de temps en temps, marque un numéro de téléphone. Et puis, plus je lisais, plus j’avais envie d’en donner plus, de peindre des portraits en couleurs, de peindre des scènes et donc je lui ai fait modifier le projet si vous voulez. Le texte est resté le même. Ce qui m’a plu, c’est que, justement, cela s’adresse un peu plus aux plus grands et les adultes peuvent y trouver leur compte. Ce n’est pas limité: c’est noir et c’est drôle… ce n’est pas cynique, je ne crois pas mais quand ils ont faim, on a vraiment faim avec eux. J’aime bien cette dureté-là dans l’histoire. On a vraiment le ventre qui gargouille à les entendre parler de soupe aux cailloux. C’est une histoire qui est noire mais du bon côté du noir… Dans mes illustrations j’ai pu me permettre des choses un peu plus dures ; ça n’a pas été facile pour l’éditeur que ce soit noir comme ça mais… ça marche!

Dernier projet en date: le film d’animation Kerity – La maison des contes. (réalisé par Dominique Monféry). Que vous a apporté cette expérience cinématographique? techniquement parlant?
Techniquement, c’est très vaste et très différent de faire un livre donc déjà j’ai appris une multitude de choses. C’est très contraignant! Là, pour le coup, il fallait mieux que je me plaise dans la contrainte parce qu’il fallait les détourner et ça, c’est très formateur. C’est un travail d’équipe contrairement à l’illustration d’albums qui est un travail solitaire… c’est donc aussi très intéressant de transmettre ses idées à une équipe pour qu’ils suivent votre style. Cela m’a forcée à faire des théories sur mon propre travail, à analyser ce que je faisais ou ne faisais pas et pourquoi.
C’est aussi un travail de l’image dans le temps et dans sa succession et non pas figée sur une feuille, une façon différente d’appréhender l’image et toute remise en question est bonne à prendre. Oui, une expérience très riche, instructive.. pas toujours facile, frustrante, compliquée, lourde mais…sans regret.

Vous êtes-vous déjà attaqué au personnage du clown? Est-ce un personnage qui par ses aspects doubles, son mal être d’adulte en déséquilibre et ses décalages enfantins et sa spontanéité, pourrait vous attirer?
Oui, c’est sûr que le désespoir du clown est quelque chose qui me fascine mais sans dire des banalités sur les clowns, je trouve qu’il n’y a rien de plus triste. En même temps, c’est très poétique et très sensible. Je ne me suis jamais posée la question de ce que je pourrais faire avec un clown mais ça pourrait me toucher oui…


D’autres illustrateurs à faire découvrir à nos lecteurs? Des boutons d’illustrateurs? Des tout bleus?

…ça m’arrive de m’intéresser au travail de mes collègues mais ce ne sont pas les illustrateurs eux-mêmes qui me nourrissent et sur lesquels je me penche le plus parce que ce sont mes semblables et que, du coup, le produit est fini alors je ne vais rien pouvoir en faire… C’est leur univers et moi, ça ne me nourrit pas. Je préfère regarder le travail des photographes ou l’image de cinéma ou de peinture, c’est quelque chose qui me touche davantage. Dans les photographes, il y a…. Graziela Iturbide, Depardon aussi mais c’est un lieu commun. Sinon, j’aime les photos très très vieilles, genre début du siècle. Il y a aussi Jacobovici, Julia Margaret Cameron… il y en a tellement!

Propos recueillis par Julie Cadilhac / bscnews.fr

Illustrations ( Rébecca Dautremer copyright)

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