Le Happy Sex de Zep, le père de Titeuf en bande dessinée
Oh je vous vois venir… Amateurs de gaudriole qui me tendez la perche, voire la verge pour vous faire battre les flancs. Vous vous dites que pour parler de « Happy Sex », le dernier ouvrage de Zep, je vais y aller gaiement dans les gauloiseries, les grivoiseries, dans toutes les cochonneries qu’on va pouvoir se sortir du slip et de ses fantasmes, petites pipes et bondage, triolisme et autre sujets baveux traités par-dessus la jambe en l’air…
Mais quel démon vous habite ? Quelle dure lutte face au (bien)séant vous turlupine ? Car de graveleux, vous ne trouverez point ici. Ce n‘est pas parce que Zep bande dessiné que vous allez, libidineux, branler du chef à la moindre allusion graphique – fût-elle limite porno-graphique !
Rien de tout cela dans cette chronique que la morale ne pourra réprouver ni l’Eglise mettre à l’index.
Pour le reste, dans « Happy Sex », des doigts, on s’en met un peu partout. Et pas que des doigts d’ailleurs… Imaginez les dégâts d’un épilateur pris pour un godemichet et planté dans… bon ce n’est pas le fion du problème, mais ça a l’air de faire vachement mal (et pas mâle du tout »). Imaginez l’état d’esprit de cet ado planqué de bonne heure le dimanche matin dans la cabine de douche pour se doucher-toucher peinardement… et obligé de se cacher pendant que ses parents déchaînés jouent une saynète très imaginative sur le dentifrice et ses multiples déclinaisons. Dix ans de suivi psychologique assurés pour ce jeune un brin secoué…
Bestiales désillusions
Chaque planche est hilarante, croquis des petites mesquineries et des grandes déceptions – quoi que, en matière de déception, c’est surtout la petitesse qui est en cause… Illustrations des fantasmes inavoués, abordés, sabordés. Des désillusions bestiales (l’amant qui, de taureau, termine asticot dans l’esprit de sa partenaire) aux maladresses conjugales lors d’une partie à trois (« comment ça, c’est encore meilleur quand c’est elle qui te suce plutôt que moi, ta femme ? »).
Zep, le père mondialement connu de Titeuf – déjà pas mal branché sur le mode « zizi sexuel » – dessine le portrait de nos contemporains dans le plus simple appareil (même si certains gardent leurs chaussettes). C’est toujours bien senti (si j’ose dire) et tellement drôle visuellement que trop en dire dénaturerait cette talentueuse pénétration dans un quotidien souvent tabou.
Il vous reste à découvrir, parmi les plus drôles, cette scène où un père s’étonne que son ado de fils se masturbe devant la photo de son chien Youki, qui sert d’écran de veille à son ordinateur… Où, plus surprenant et hilarant encore, comment la livraison d’un colissimo s’avère radicale pour calmer les ardeurs sado-maso d’un mari un peu trop exigeant sexuellement…
Olivier Quelier
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« Happy Sex », de Zep. Delcourt, 2009. 14, 21€.
Album réservé aux Adultes
Pour voir des planches de l’album, c’est par ICI.