Rubrique Noire

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Paris, 2009.
Il y a quelque chose de pourri au royaume du foot.
D’abord ce mystérieux fond d’investissement international qui rachète le Stade de France à prix d’or pour lancer un nouveau club parisien… et qui semble vouloir étendre son emprise au monde entier. Et surtout cette série noire qui frappe, les uns après les autres, les joueurs de foot les plus célèbres. Qui assassine ces stars du stade ? Un psychopathe ? Et pourquoi ? En tous cas, on l’a baptisé « Le Buteur »… car il a pour spécialité d’exécuter ses victimes à coups de pieds dans la tête !
De Paris à Londres en passant par Barcelone et Saint-Petersbourg, traqués par un tueur implacable, Alexis Santangelo, journaliste sportif fana de foot et Eve Delesterre, ex inspectrice de la Brigade Financière totalement allergique au ballon rond, sont contraints de faire équipe ensemble pour trouver la vérité au fur et à mesure que disparaissent les plus grands joueurs mondiaux…
Mais quelle vérité ? Celle, insoupçonnable et terrifiante, d’une manipulation internationale qui révèle la face cachée d’un sport qui fait rêver des centaines de millions de gens à travers la planète… Et si la fiction s’inspirait de la réalité ?

LES AUTEURS :
Éric Giacometti est chef de service à la rubrique économie du Parisien. Ancien journaliste d’investigation, il a effectué de nombreuses enquêtes, entre autres sur la franc-maçonnerie. Celle-ci a inspiré ses quatre thrillers coécrits avec Jacques Ravenne (dont Conjuration Casanova), devenus des best-sellers. 
Karim Nedjari, journaliste d’investigation spécialisé dans le foot, patron du service Sports au Parisien et chroniqueur dans l’émission footballistique « Bienvenue au club » sur Europe 1, a déjà publié quatre ouvrages sur la question, dont L’Année du football 2008 (Calmann-Lévy)

C’est une belle performance sportive que réalisent Eric Giacometti et Karim Nedjari. Signer à quatre mains un roman consacré au foot, un thriller pas écrit avec les pieds, sans temps morts ni antijeu. Ou comment pousser le ballon dans les filets du délire en s’inspirant de la réalité. Compte-rendu de la rencontre.

Les pronostics
Ecrire un roman à suspense avec pour toile de fond le domaine du football ? Les auteurs, Eric Giacometti et Karim Nedjari, semblent convaincus que ce sport « est propice au thriller ». Ils ont raison. On préfère ça à un de ces docu-fictions tellement documenté et si culturellement correct qu’il en devient aussi rasoir qu’un match de… euh… (tout bien réfléchi, je vous laisse inscrire le nom du club que vous détestez, je ne suis pas ici pour me faire des ennemis).

L’échauffement
Giacometti et Nedjari ont l’air confiant, bien en jambes. Le souffle maîtrisé de vrais pros. A eux deux, ils constituent un beau duo offensif même s’il apparaît évident dès les premières minutes que leurs bases arrières – le style – feront parfois défaut face à une défense syntaxique bien regroupée, certes un peu rigide mais dont les spécialistes ne cessent de louer la rigueur et la morale exemplaire.
Illustration dès la page 12 : « La silhouette longuement gantée et chapeautée d’anthracite était absolument parfaite, moulée dans une robe noire à décolleté rond et dos nu, subtilement voilé (…). Une tenue spécialement créée par Karl Lagerfeld… ». Au total, sept adverbes (dont le redoutable « protocolairement » attaquant le paragraphe) en 14 lignes ! Le rythme en devient tellement langoureusement ennuyeux que ça risque de devenir la prochaine chanson de Carla Bruni-Sarkozy…

Le match
Eric Giacometti et Karim Nedjari ouvrent le jeu par une phase de toute beauté malgré la violence quasi hystérique de ses deux protagonistes, des tueurs connus sous les surnoms de Pok et du Buteur. Ils sont les hommes de main du Russe Viktor Pliouchine, qui se cache derrière un mystérieux fonds d’investissement international. Son but ? Racheter le Stade de France à prix d’or pour lancer un nouveau club parisien… Le premier pas d’un dangereux arriviste qui semble vouloir étendre son emprise au monde entier.
Le jeu est marqué par cette série noire qui frappe les joueurs de foot les plus célèbres. Qui les assassine ? Et surtout pourquoi ? Paris, Barcelone, Londres, Saint-Pétersbourg… Traqués par un tueur implacable, Alexis Santangelo, journaliste sportif, fervent adepte de « free fight » et Eve Delesterre, ex-inspectrice de la Brigade Financière, sont contraints de faire équipe pour trouver la vérité. Mais quelle vérité ?

Le score final
Victoire sans contestation possible des romanciers de l’équipe Michel Lafon. Score final : 3 à 2. Et un : Giacometti et Nedjari ont su bien faire tourner l’action, imposant au fil des pages un rythme allant crescendo, sans temps mort ni antijeu.
Et deux : les auteurs bénéficient d’un entraînement solide. Ils ont su mettre en pratique leur connaissance des réalités cachées d’un sport drainant des centaines de millions de supporters à travers le monde. Et trois : Giacometti et Nedjari ont partagé leur plaisir avec les lecteurs tout en évitant les mauvaises chutes sur un terrain devenu glissant face aux flots d’événements parfois délirants.
En regard de ce solide duo, les quelques faiblesses stylistiques n’ont pas fait le poids. Et la dérive que l’on pouvait craindre vers un roman d’anticipation un rien déjanté a vite été recadrée grâce à une vraisemblance qui, si elle est discutable, reste inquiétante pour l’avenir.

La ph(r)ase de match
« Dix jours plus tôt il jouait au foot avec ses potes et maintenant il s’était lié avec une pute sublime qui avait été démolie, avait vu son ami complètement massacré, logeait dans un palace à Saint-Pétersbourg, se faisait traquer par des tueurs, et des mafieux russes accros au foot se profilaient à l’horizon » (p. 195)

Les joueurs

Éric Giacometti est chef de service à la rubrique économie du Parisien. Ancien journaliste d’investigation, il a effectué de nombreuses enquêtes, entre autres sur la franc-maçonnerie. Celle-ci a inspiré quatre thrillers à succès coécrits avec Jacques Ravenne (dont « Conjuration Casanova »).
Karim Nedjari, journaliste d’investigation spécialisé dans le foot, patron du service Sports au Parisien et chroniqueur sur Europe 1, a déjà publié quatre ouvrages sur la question, dont « L’Année du football 2008 » (Calmann-Lévy).

Olivier Quelier.

Tu ne marcheras jamais seul, éd. Michel Lafon, 302p. , 19,95€.

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