Qu’est ce qui vous a incité à devenir éditrice?
Un concours de circonstances. J’avais l’envie de réaliser un guide touristique pour les enfants sur la Touraine, un concept assez novateur. Ce projet a plu et l’on m’a aidée financièrement à le mettre en place, de sorte que j’ai été amenée à créer une structure éditoriale il y a à peine trois ans.
Quels sont les raisons principales qui vous poussent à refuser des manuscrits?
Jeune éditrice, je travaille seule et ne peux me permettre de publier beaucoup de titres par an, faute de temps et de moyens.
Qu’est ce qui vous séduit dans un projet littéraire ?
La découverte du texte, tout le travail préparatoire à la publication, la recherche de la couverture, les relations avec la presse… Je compare souvent la sortie d’un livre à la venue d’un bébé !
Si vous aviez un conseil à donner aux auteurs qui cherchent à publier mais sans succès?
Qu’ils ne se découragent pas, mais surtout qu’ils ne tombent pas dans le piège des éditeurs à compte d’auteur qui leur demandent une somme colossale et qui ne font aucun travail de communication ni de diffusion.
Publiez-vous en majorité des manuscrits que vous aimez ou des textes que le public apprécie particulièrement?
Je fonctionne un peu par coup de cœur, mais j’ai peur de ne pas avoir suffisamment d’ancienneté pour répondre. L’avantage de publier un ouvrage apprécié du public, qui se vend bien, vous permet d’éditer d’autres auteurs qui vous touchent plus particulièrement.
Pensez-vous que des auteurs de talents peuvent-ils être oubliés lorsque que leur manuscrit arrive par la poste?
Si les manuscrits sont strictement soumis aux comités de lecture des éditeurs, il n’y a pas de raison, mais on n’est jamais certain de rien !
A ce titre, combien publiez-vous par an de manuscrits qui vous parviennent par courrier?
Ça ne m’est jamais encore arrivé !
Pensez-vous que le marché du livre s’adapte à une mode de genre et de style comme peut l’être « la Harry Potter mania »?
Les phénomènes de mode sont partout et le marché du livre n’y échappe pas. Les médias contribuent fortement à porter aux nues un ouvrage qui peut facilement et rapidement tomber aux oubliettes.
Quel regard portez-vous sur l’édition numérique?
Je pense qu’Internet est un formidable outil de communication et de diffusion, mais que le livre papier n’est pas prêt à être détrôné par le livre numérique.
Pensez-vous que l’émergence de l’édition en ligne est une menace suffisamment inquiétante pour que les éditeurs modifient leur stratégie marketing et tentent de renforcer le rapport que le lecteur entretient avec le livre papier?
Le vrai lecteur entretient un rapport particulier avec le livre papier. Le lecteur aime l’objet livre en lui-même, il aime conserver un ouvrage qu’il a apprécié, qu’il sait pouvoir relire à tout moment…
Parlez-nous de la dernière publication au sein de votre maison ?
Le dernier livre que j’ai publié s’intitule “Sous France”. Il a été co-écrit par Dahina Le Guennan, une victime du tueur en série Fourniret actuellement jugé, Frédéric Mazé, un journaliste indépendant, et Laurent Lèguevaque, un ex-juge. Cet ouvrage est le seul parmi toutes les publications actuelles sur cette affaire qui donne la parole aux victimes, propose de vraies solutions pour leur réinsertion et je suis heureuse d’avoir pu apporter, à mon échelle, une pierre au noble combat de Dahina Le Guennan.