Nathalie Dargent : « Avec les réseaux sociaux, le harcèlement opère jusqu’à la maison, dans la chambre »

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Auteure de la BD pour enfants « Les Inséparables », Nathalie Dargent a consacré le 7ème tome de la série au thème du harcèlement scolaire. Elle a confié à Putsch ses impressions sur ce phénomène qui rend la vie impossible à de nombreux jeunes enfants dans le monde.

propos recueillis par

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Le Harcèlement scolaire est un vaste problème. Quelle est la genèse de ce tome 7 de ces   « Inséparables » ?

J’ai mené une enquête, lu de nombreux témoignages, rencontré des adolescents qui avaient connu ce problème en primaire. J’ai également visionné des reportages. Je procède ainsi pour chaque tome des Inséparables. Sauf que cette fois, c’était très éprouvant. Les paroles des victimes, de leurs parents et des témoins (actifs ou passifs) rendent compte d’une situation dramatique.

A votre avis, pourquoi y-a-t-il autant de cas de harcèlement à l’école ?

Le manque d’empathie est le grand mal de notre époque. Je ne crois pas que le phénomène soit nouveau, mais les choses vont très loin aujourd’hui : avec les réseaux sociaux, le harcèlement opère jusqu’à la maison, dans la chambre. La victime n’a plus de refuge, plus d’abri.

 

« Les parents et les éducateurs doivent rappeler aux enfants qu’ils sont là pour les protéger. Un enfant ne doit pas se sentir abandonné face à la violence »

 

Faudrait-il faire plus et mieux ? Mais comment ? Quelles sont les solutions que vous envisageriez ?

Il faut impérativement prévenir, dire aux enfants avant chaque rentrée : « Voilà ce qui peut arriver, à toi ou à un autre. Ça n’est pas normal. Si tu es témoin ou victime, il faut nous le dire». Les parents et les éducateurs doivent rappeler aux enfants qu’ils sont là pour les protéger. Un enfant ne doit pas se sentir abandonné face à la violence. Il doit savoir qu’il faut se confier à un adulte, que ce qui arrive n’est pas acceptable.

 

Parlons de votre travail, vous êtes l’auteure de plusieurs ouvrages. Comment parvenez-vous à imprimer un style différent à chacune de ces histoires ?

Chaque projet m’oblige à comprendre le nouvel univers que je suis en train d’imaginer, à en pénétrer les lois, les règles. Les personnages naissent dans une arène particulière, chacun a une vérité qui n’appartient qu’à lui. Construire un univers, c’est excitant, amusant. Ce qui est compliqué, c’est de rester toujours, avec vigilance, sincère.

Quelles sont vos sources d’inspiration?

Les enfants qui m’entourent, mes souvenirs, la vie.

 

« Les auteurs ne touchent presque aucun droit sur la vente des livres numériques, mais la lecture numérique peut donner envie aux enfants d’ouvrir de « vrais » livres »

 

Êtes-vous déjà en train de travailler sur un nouveau volume des « Inséparables » ?

Je viens de terminer le scénario du prochain tome de « Les Inséparables ». Il aborde encore une question liée à l’école : la triche. Pourquoi on triche ? C’est passionnant de comprendre les mécanismes qui conduisent à ce comportement et de réaliser qu’une fois encore c’est surtout les parents qu’il faudrait éduquer. Je suis toujours épatée par les témoignages des enseignants : ils sont vraiment super ! Ils sont du côté des enfants et on ne les entend pas assez.

Une dernière question. Craignez-vous la numérisation des livres ? Pour les BD enfants, les e-books sont une menace ou une opportunité ?

Les e-book ne sont ni une menace ni une opportunité. Pour ma part j’ai une liseuse, ça ne m’empêche pas d’acheter et de lire des livres papiers. Les deux pratiques sont complémentaires. Les auteurs ne touchent presque aucun droit sur la vente des livres numériques, mais la lecture numérique peut donner envie aux enfants d’ouvrir de « vrais » livres. L’important, c’est qu’ils lisent.

 

 


(Image à la une : Nathalie Dargent, auteur de la BD « Les inséparables » – © N. Dargent)

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