Sites de rencontres : une privatisation de l’amour ?

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Les sites de rencontres ont très largement supplanté les agences matrimoniales et les petites annonces dans les journaux. Aujourd’hui, la concurrence est rude entre les sites de rencontres qui se lancent à la conquête de nouveaux utilisateurs et de nouvelles innovations. Près d’un quart des Français utiliseraient les services de ces sites de façon extrêmement régulière et soutenue.

La sociologue et chercheuse à l’Institut national d’Etudes démographiques, Marie Bergström expliquait à nos confrères du Point que le succès des sites de rencontres « est structurelle, liée aux changements des parcours amoureux. Les jeunes se mettent en couple plus tard et, parallèlement, il y a plus de séparations chez les plus âgés. Chez les plus jeunes, la période d’avant l’installation conjugale, que les sociologues appellent la période de jeunesse sexuelle, est une période d’expérimentations, que les sites et les applications favorisent. »

Il existerait en France près de 2000 sites actifs avec notamment ceux qui accaparent la plupart du marché comme Meetic, Adopte Un Mec, Tinde, Edarling ou encore AttractiveWorld. Certains ont fait le choix pour attirer une clientèle ciblée de définir des politiques d’acquisition ciblées et basées sur des critères sociaux, de genres ou encore d’orientations sexuelles.

Toujours chez nos confrères du Point, Marie Bergström, insiste sur cette notion sociale très importante à ses yeux : « Les rubriques à remplir pour le profil sont certes très standardisées, les possibilités d’individualisation sont limitées. La manière de s’approprier le profil va cependant varier en fonction de la classe sociale. Les classes supérieures valorisent l’écrit, recourent à des jeux de mots, une façon de montrer qu’on sait manier la langue et de se distinguer de la masse des inscrits. L’orthographe est un autre critère social très fort et discriminant, pouvant entraîner une exclusion immédiate de ceux qui ne la maîtrisent pas. »

Certains sites ont d’ailleurs déclenché des polémiques par leur positionnement, notamment ceux qui proposaient des rencontres extra-conjugales permettant ainsi à des gens mariés de faire des rencontres sans lendemain. Le 17 mai dernier, la justice a rendu un verdict lors d’un procès intenté par les Associations familiales catholiques (AFC) contre le site Gleeden qui compterait à ce jour près de 2500000 membres. L’AFC réclamait notamment l’interdiction de « la promotion des rencontres extra-conjugales ». De son côté, la justice a estimé que «seuls les époux peuvent se prévaloir d’un manquement à l’obligation de fidélité… En faire la promotion commerciale ne serait pas non plus illicite. »

Enfin, dans cette offre impressionnante de sites de rencontres, certains d’entre eux se sont spécialisés dans la notation et les comparatifs des offres pour tenter d’éclaircir les zones d’ombre des potentiels membres, pour qui, la rencontre passera tout d’abord par une plateforme sur le web. Pierre Tabuteau a notamment lancé un comparateur en ligne stat-rencontres.fr  qui « vous aide à sélectionner le site qui correspond le plus à votre recherche, dans le but de trouver une relation sérieuse, ou légère, selon votre recherche ».

Et pour conclure, La sociologue et chercheuse à l’Institut national d’Etudes démographiques, Marie Bergström estime que « Les sites provoquent une privatisation de la rencontre, et cela explique leur succès.»

Photo by Azrul Aziz on Unsplash

 

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