À l’abri au Liban, Carlos Ghosn ne craint ni Interpol, ni les juges étrangers

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Carlos Ghosn estime rétablir la vérité sur son arrestation en 2018 au Japon et sur son expulsion du Groupe Renault lors de sa conférence de presse donnée depuis le Liban, où il s’est enfui.

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C’est en substance ce qu’il a affirmé lors de la conférence de presse tenue le 8 janvier à Beyrouth où il s’est réfugié après avoir été exfiltré de façon rocambolesque, sans pour l’instant connaître les soutiens dont il a bénéficié.

L’ex-numéro un de Renault a déclaré de ne pas avoir voulu fuir la justice, mais « l’injustice et la persécution » parce que «j’étais persécuté qu’au Japon, j’ai donc décidé de prendre le risque de partir ». Au sujet des poursuites judiciaires lancées contre lui par les magistrats de plusieurs pays, Carlos Ghosn a dit de ne pas être préoccupé. « Je n’ai pas d’assurance de ne pas être extradé de la part du gouvernement mais je n’ai aucune raison d’en douter à cause des précédents ».

En effet, comme l’explique à Putsch Maître Ciro Perrelli – spécialiste du droit pénal international inscrit au bureau de Paris et de Milan – “Carlos Ghosn pourrait être extradé au Japon ou dans un autre pays, seulement s’il y a des accords pour l’extradition entre ces Etats et le Liban”. Selon lui, “il ne faut pas confondre une éventuelle demande d’extradition et le mandat d’arrêt international car, ce dernier, nécessite l’initiative d’un État membre de l’UE. C’est une décision de faire arrêter une personne recherchée, objet d’une enquête. Cela dans le but d’exercer une action pénale, par exemple l’exécution d’une arrestation à la suite d’une enquête à l’égard de la personne, ou à la suite d’une condamnation définitive et donc pour l’exécution de la peine ordonné par l’Etat requérant”. Il est donc vraisemblable que Carlos Ghosn puisse séjourner au Liban sans problème car l’action d’Interpol ne pourrait le contraindre à quitter le Liban. “Contrairement à ce qu’on a pu lire dans certains médias, Interpol n’a pas émis un mandat d’arrestation. En effet, ce type de mandat peut être émis seulement par un organe judiciaire compétent, un pays membre de l’UE. A la limite,  Interpol a émis une “notice rouge”, c’est à dire une communication par laquelle on informe un État de la présence d’un sujet “socialement dangereux” en fuite actuellement présent sur le territoire en question. Mais cet État souverain est libre de prendre des mesures contre le fugitif ou pas”. Il semble donc que, sur la base des lois libanaises Carlos Ghosn pourrait rester à l’abri des actions pénales de plusieurs pays. D’autre part, toujours pendant la conférence de presse, M. Ghosn a dit avoir « choisi le Liban car je suis libanais et pour des considérations plus logistiques qu’autre chose ». Mais il n’a pas exclu expressément le fait d’avoir choisi cet État pour l’absence d’accords d’extradition avec d’autres pays. Donc si l’ex-patron de Renault s’est dit prêt à se “présenter à un procès n’importe où s’il est juste”, dans les faits, il est probable qu’il passera beaucoup de temps dans le pays des cèdres où il ne se “considère pas comme un prisonnier”.

De plus, lors d’une interview accordée à la journaliste de France Inter, Léa Salamé  (qui a suscité une importante polémique par son ton jugé complaisant) Carlos Ghosn a exclu toute possibilité de rapprochement avec la justice japonaise. D’abord parce qu’il considère le Japon comme “une drôle de démocratie” “les procureurs gagnent 99,4% de leurs procès” alors qu’”aux Etats-Unis vous avez un taux élevé parce qu’il y a des deals. Le procureur vient vous voir et il vous dit : “écoutez, si vous acceptez, je vous fais une réduction de peine. C’est pour cela qu’il y a un taux de 98,5% ”.  Est-ce que cela est une message envoyé à la justice américaine ?

Dans ce pays, Carlos Ghosn a déjà conclu un accord à l’amiable avec la SEC (Autorité de contrôle de la Bourse, NDLR) qui souhaitait  poursuivre l’ex-numéro un de Renault pour la dissimilation de plus de 140 millions de dollars (presque 128 millions d’euros) en rémunération et en indemnités retraite. Grâce à cet accord, M. Ghosn a du payer une amende d’un million de dollars (un peu plus de 900.000 euros).

Affaire à suivre…


(image à la une : capture d’écran de la vidéo de la conférence de presse de M. Ghosn, diffusée sur la chaine YouTube de RT France)

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