Sergeï Soloükh : Une façon de dénoncer les nouveaux oligarques

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Ce petit livre nous vient de Sibérie où Sergeï Soloükh est ingénieur des mines. Lauréat de plusieurs prix littéraires, sa biographie de Frank Zappa a été très remarquée.

Avec ces trois nouvelles au titre énigmatique, l’écrivain s’inscrit dans la veine de Tchekhov par sa poésie et son humour. Nous sommes dans une ville sibérienne. Il neige. Un père et sa fille se rendent à la patinoire. « Tu vois comme c’est beau ? Une étroite serpe de lune et juste au-dessus, une petite étoile » dit le père. Lorsqu’ils reviennent, la petite s’aperçoit qu’elle a perdu la carte postale qu’elle voulait donner à sa mère. Inconsolable. Le lien père-fille est au cœur de ces nouvelles où l’on suit le père à son travail avec « obligation de cirer les bottes du directeur ».
Une façon de dénoncer les nouveaux oligarques, mine de rien. Dans un jeu basé sur la règle de trois, ces récits parlent d’êtres décalés, déçus, touchants par leurs rêves et leur désir d’ailleurs, un peu perdus dans un monde trop matérialiste pour eux. Entre loisir, travail et famille, ils cheminent, se croisent, se retrouvent. Se suffisent de peu, ces petites choses du quotidien que l’écrivain transfigure par son style plein de tendresse et de beauté. Des images surgissent qui consolent et éblouissent : « Une pie sur un poteau de fonte de la balustrade regarde vers l’Est » ; « Pétrov lève la tête et des milliers de reflets de soleil, messagers devenus fous, jaillissent d’une vingtaine de fenêtres de l’immeuble du coin. L’aveuglent un instant. » Une magnifique plongée dans l´âme russe.
Un auteur plein de talent dont on attend un roman !

« Sciences naturelles », de Sergeï Soloükh, traduit du russe par Christine Zeytounian-Beloüs (Ginko éditeur)

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