« La Laïcité, c’est la liberté ! »

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Tribune de Laurent Kupferman, qui est notamment l’auteur, avec Jean-Louis Debré de « Trois minutes pour comprendre les 50 principes fondamentaux de la République » éditions Courrier du Livre, et avec Jacques Ravenne de « Les Aventuriers de la République » paru aux Editions Fayard.

Dans un moment où la cohésion nationale est fragilisée par des interprétations militantes mettant en cause la laïcité, il semble pertinent de rappeler deux ou trois éléments et de remettre en perspective ce principe qui est, au coeur du projet républicain français.

Fruit de l’apport des philosophes des Lumières l’ambitieux projet d’émancipation des citoyennes et des citoyens de la République française s’appuie, principalement sur la déclaration des droits de l’Homme du 26 aout 1789 qui proclame que « Les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ». Ce postulat, qui fait aujourd’hui globalement consensus, notamment depuis la proclamation déclaration universelle des droits de l’homme en 1948 à Paris, avait pour finalité de permettre aux citoyens de prendre leur destin en main, en reléguant au second plan l’aléa de la naissance. Même si avec l’avènement de la République en France nous ne passons de l’ombre à la lumière, il n’en demeure pas moins que c’est la République qui ouvre la porte de l’instruction laïque, gratuite, obligatoire et professionnelle ( jusqu’en 1880 le seul fait d’être curé, imam, rabbin ou pasteur donnait automatiquement le droit d’enseigner). C’est un pas considérable car sans le droit à l’éducation pour toutes et tous il n’y aucune égalité des chances.
Ne le nions pas, l’objectif des Lois Ferry était clairement aussi de mettre fin à l’influence d’une Eglise omnipotente qui co-gérait la vie des Français, avait un un quasi monopole de l’enseignement, et se mêlait des affaires de l’Etat.

 

« Ne le nions pas, l’objectif des Lois Ferry était clairement aussi de mettre fin à l’influence d’une Eglise omnipotente qui co-gérait la vie des Français, avait un un quasi monopole de l’enseignement, et se mêlait des affaires de l’Etat »

 

C’est en ce sens notamment (on pourrait aussi parler de l’idée de solidarité) que le projet de la République française diffère profondément de celui de l’autre République née en 1776 à l’époque des Lumières, les États-Unis d’Amérique. En effet, de l’autre côté de l’Atlantique la laïcité existe dans sa portion congrue. Elle consiste en l’affirmation de l’altérité religieuse, sous la forme d’un côte-à-côtisme des différentes religions.

Dans la République française, le droit de pratiquer une religion existe bien évidemment aussi, dans la mesure où cette pratique ne trouble pas l’ordre public. Mais la conception française est bien plus libérale puisqu’y sont consacrés le droit de douter, l’agnosticisme, ou le droit de ne pas croire, l’athéisme ce qui fait de la laïcité française un espace de liberté de conscience quasi unique au monde. Rappelons que dans plus de 12 pays à travers le monde, l’athéisme est puni de la peine de mort, et que chez nos amis américains, se revendiquer agnostique ou athée est très politiquement incorrect, la citoyenneté y étant bâti autour du fait religieux.
Autre différence, et elle est considérable, il n’existe pas dans la République française, de délit de blasphème. Il est loisible de critiquer le fait religieux, tous les faits religieux, à la condition, bien évidemment, de respecter les personnes croyantes.

 

« Rappelons que dans plus de 12 pays à travers le monde, l’athéisme est puni de la peine de mort, et que chez nos amis américains, se revendiquer agnostique ou athée est très politiquement incorrect, la citoyenneté y étant bâti autour du fait religieux »

 

Au delà d’une forme de régime, l’humanisme de la République française est bâti autour des valeurs de Liberté, d’Egalité, de Fraternité, de Solidarité et de Laïcité qui ne sont ni droite, ni de gauche mais qui sont notre patrimoine commun. Cet humanisme offre à chacune et chacun le droit de vivre dans le respect de ses propres singularités. Nous sommes en effet des femmes, des hommes qui ne renient pas leurs différences politiques, religieuses, ou a-religieuses, philosophiques ou leur orientations sexuelles qui sont garanties par un autre principe républicain, l’Égalité en droit. Mais parce que nous sommes des citoyennes et des citoyens nous ne devons jamais oublier que ce qui nous singularise et infiniment moins important que ce qui nous rassemble : notre humanité. Il ne s’agit pas seulement de belles maximes et de belles paroles. À trop vouloir nous diviser dans un repli identitaire, et à nous ramener vers notre plus petit dénominateur commun nous prendrions le risque fou de la division et même pire, celui de l’éclatement de la Nation.

 

(Crédit photo Thomas.G.Nouvelle )

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