Marc Fichel : « Ma première vie, c’était l’export de pommes de terre, ma deuxième vie sera la musique »

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L’auteur-compositeur-interprète et directeur export à Rungis a présenté son EP de quatre nouveaux titres au festival Salagou en Chanson en août dernier. Depuis, son album « Encore un instant… » est sorti le 4 octobre. Dans les halles comme sur scène, Marc Fichel garde la patate ! Rencontre.

propos recueillis par

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Comment passe-t-on de « patatier » à Rungis à la scène d’un festival héraultais ?

Mon premier job en effet, c’est exporter des pommes de terre ! J’ai écrit une chanson qui s’appelle « C’est ma vie dans les halles » qui raconte ma vie à Rungis et c’est devenu au fil des mois l’hymne des halles… Ce titre est passé en radio, le clip a fait un million de vues sur Youtube, ce qui m’a permis de signer dans une maison de disque indépendante, Abacaba. Aujourd’hui, j’ai signé avec le label indé Faubourg du monde et j’ai sorti un nouvel EP quatre titres avec le single « #Il ou #Elle » avant la sortie de l’album le 4 octobre. Il y a un beau truc qui est en train de se passer, plusieurs dates sont tombées, on a fait une tournée de dix dates en première partie de l’humoriste canadien André Philippe Gagnon, puis le Cirque de Bruxelles, le Forum de Liège, le Casino de Paris… J’assure la première partie de Diane Tell cet automne, après avoir fait mon tout premier festival au Salagou…

Vous vous êtes aussi fait remarqué pendant la dernière fête de la musique…

Avec plusieurs artistes et la radio Chante France, on a fait la fête de la musique aux halles de Rungis. Comme je suis un enfant des halles, on m’a mis en avant. Je me suis retrouvé sur BFM TV, sur Quotidien, c’était irréel. Derrière, j’ai été contacté par France Télévisions. C’était très drôle parce que qu’ils voulaient faire un grand reportage sur Rungis et ils sont tombés sur ma chanson « C’est ma vie dans les halles » : ils ont aimé mon univers, ma double vie, en me disant que j’étais un OVNI. Ils ont amené un piano à côté du stand sur lequel je travaille à Rungis pour faire un portrait… Je me dis que le mec là-haut, il est sympa, il fait bien les choses !

 

(Clip « #Il ou #Elle »)

 

 

Quels artistes vous inspirent ?

Gamin, j’écoutais William Sheller, Michel Polnareff, Jean-Jacques Goldman, Michel Berger… J’ai aussi beaucoup d’affection pour Louis Chedid et Alain Chamfort. Chamfort, j’aime son côté classieux, il joue avec les mots et ça reste de la chanson française tout en étant pop-électro, pour moi c’est de la belle chanson française, j’aime ! C’est un peu tout ça mon univers, en y ajoutant du piano-voix. J’ai toujours un côté klezmer (la tradition musicale instrumentale des Juifs ashkénazes) dans mes chansons, ça me tient à cœur parce que j’ai des parents originaires des pays de l’Est : mon père est russe, ma mère est roumaine. Ma musique est un mélange de chanson française et de chansons à texte. Pour moi les mots sont aussi importants que la mélodie.

 

Vous n’avez donc pas de formation musicale à la base ?

Je suis un autodidacte, je ne sais pas lire les notes, tout ce que je joue c’est ce que j’entends dans ma tête ! Une fois que j’ai la mélodie dans mon esprit, je pose les mots. Mais chaque mot que je pose à une réelle signification, jusqu’à la moindre virgule. J’aime beaucoup Bénabar par exemple, je trouve qu’il sait utiliser les mots. Quand j’étais enfant, j’écoutais Goldman parce que ça me touchait, parce qu’il racontait aussi des tranches de vies comme dans « Né en 17 à Leindenstadt » ou « Comme toi »… La musique a pris une place importante dans ma vie d’aujourd’hui. Je suis en train de mettre un peu un frein aux halles de Rungis parce que les journées ne font malheureusement que 24 heures, surtout que je me lève encore tous les jours à trois heures du matin !

 

« Être artiste pour mes parents c’est le dimanche ou le samedi soir en famille ou avec des amis. Le reste de la semaine, il faut vendre des pommes de terre, ainsi tu es sûr de ne pas mourir de faim ! »

 

C’est un choix de continuer Rungis ?

C’est un choix par stress et par angoisse. Je suis un juif ashkénaze élevé par des parents qui m’ont toujours dit « Mon fils, il faut avoir un vrai métier ! ». Pour mes parents, être artiste c’est le dimanche ou le samedi soir en famille ou avec des amis. Le reste de la semaine, il faut vendre des pommes de terre, ainsi tu es sûr de ne pas mourir de faim ! Par contre, quand ils viennent en concert, ils sont très contents de voir que les salles sont pleines et que ça cartonne… Mais bon, c’est comme ça ! Je suis très fier de ce que je fais et j’ai une belle équipe autour de moi : un beau label, une super manageuse et surtout des gens bienveillants, c’est important. Je pense que la bienveillance dans ce métier est précieuse. Ce que j’aime avant tout, c’est partager ma musique.

On imagine que le but est quand même de vivre de la musique ?

Bien sûr. Je commence à composer pour les autres. Je me suis fait un plaisir avec le groupe Adama (qui sont derrière la fameuse danse de Rabbi Jacob) : ils relancent un nouveau spectacle qui s’appelle « Kibboutz, les années ensemble » et j’ai composé la chanson phare de leur comédie musicale. Il y a aussi la chanteuse Clémentine qui sort un album à la rentrée. Elle m’a envoyé un texte et j’ai écrit la musique. On commence à me demander pas mal de musiques, ce qui m’amène à de belles rencontres. Mais sur mon album je voulais tout faire, paroles, musiques et une partie de la réalisation même si j’ai un super réal – Laurent Compignie que les gens du métier connaissent bien. Le patron du label c’est Luis Rigou. Il avait un groupe qui a cartonné, Ocarina, qui faisait des chansons à la flûte de paon. Aujourd’hui il produit des artistes et j’ai signé chez lui avec beaucoup d’enthousiasme. Je suis ravi de cette aventure : qu’il se passe des trucs comme ça ad vitam æternam…! Je pense qu’il y a un temps pour tout. Ma première vie c’était l’export de pommes de terre, ma deuxième vie sera la musique.

 

l’album de Marc Fichel « Encore un instant »

 

Comment êtes-vous arrivé au festival Salagou en Chanson de Liausson ?

Très simplement ! J’étais dans une soirée, on avait bien bu, bien mangé et Yann Golgevit que je ne connaissais que de nom, était là. Je me mets au piano, je commence à chanter et Yann me demande qui je suis, d’où je viens et de lui chanter mon répertoire. Là, il me dit qu’on va se revoir. Quinze jours après il appelait ma manageuse pour me produire dans mon premier festival. C’est vraiment du hasard. Je ne savais pas qu’en plus d’être contreténor, Yann était directeur artistique du festival !

Quels sont vos projets ?

Cet automne, j’assure la première partie du concert de Diane Tell. Il y a aussi l’Européen le 2 décembre, une belle salle et une date importante quelques semaines après la sortie de l’album. Je fais également quatre dates très intimes à Paris dans un bar caché, la grande mode du moment : sur la devanture est écrit « Royal Couscous », tu pousses la porte, il y a une vitre sans tain et derrière un bar magnifique à l’américaine avec une ambiance jazzy et un piano. C’est rempli avec 60 personnes mais tu ne peux pas tricher, tu es seul avec ton piano, ta voix et les mecs sont à 50 cm de toi, donc soit ils adhèrent, soit ils n’adhèrent pas. J’aime ce côté un peu challenge. Je prends beaucoup de plaisir à faire tout ça. Puis j’ai fait pas mal de duos et je vais en refaire. J’étais très copain avec Nilda Fernández. Sur scène, je reprends « Le Sud » pour lui car c’est une chanson qu’on chantait souvent ensemble… J’ai rencontré Nina Morato. On a sympathisé et du coup on va faire un duo sur « #Il ou #Elle » qui va être rééditée. Il y a plein de belles choses comme ça qui se passe. Tu vois là, on est en interview en face du lac du Salagou, que demander de plus ?!

 


Marc Fichel
« Encore un instant… »
Sortie le 4 octobre 2019
Faubourg du monde – www.faubourgdumonde.com
Site internet : https://marcfichel.bandcamp.com/

En concert : le 2 décembre 2019, 20 heures, à l’Européen (Paris 17)

 


(crédit photo : à la une Marc Fichel – DR)

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