Severin von Eckardstein : « En France, la musique classique est reconnue comme un élément important de la culture nationale »

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Il est l’un des pianistes les plus inspirés de sa génération. Récemment, il a publié un enregistrement associant les deux « Livres d’Images » de Debussy à « La Maison dans les dunes » de Dupont. Une parution qui a obtenu plusieurs récompenses. Mercredi 5 juin il sera sur scène à Paris dans le cadre des « Nuits Oxygenes ». Putsch l’a interviewé.

propos recueillis par

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Il y a quelques mois, vous avez sorti un nouvel enregistrement associant Dupont et Debussy. L’album a été très bien reçu par la critique (CHOC Classica, Diapason d’Or, fff Télérama). Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce projet?

J’ai fait une grande découverte à la recherche d’une musique de piano française plutôt inconnue: c’était le grand cycle de piano de Gabriel Dupont « La maison dans les dunes ». La manière d’écrire poétique, les harmonies généreuses et chaleureuses et la manière de contracter et d’arranger du matériel mélodique sur les 10 morceaux qui ne perdent jamais la tension, étaient un signe pour moi que je devrais enregistrer ce travail immédiatement. Les deux ensembles « d’images » de Debussy, beaux et raffinés, datent à peu près au même moment. Également dans cette musique, l’aspect narratif de type air est important, même si vous entendez deux mondes différents de musique pour piano, émouvante et bien écrite combinant Debussy et Dupont.

Le 5 juin, vous jouerez Schubert, Brahms, Liszt. Pourquoi choisissez-vous ces compositeurs ? Que représentent-ils exactement pour vous?

Schubert, Brahms et Liszt sont des personnalités très différentes et n’ont pas beaucoup de choses en commun en ce qui concerne leur langage musical. Pourtant, dans mon programme, on peut ressentir une sorte de relation qui combine la grande sonate de Schubert, le dernier Klavierstücke de Brahms et la sélection des Études d’exécutions transcendantales de Liszt. Toutes les pièces semblent se situer à un niveau musical supérieur en ce qui concerne le fait que leur musique représente une sorte d’exaltation ou une transition vers de nouveaux aspects de la liberté. La longue sonate de Schubert s’enrichit d’une nouvelle dimension de paix intérieure, Brahms dit adieu au romantisme toujours mélancolique et Liszt célèbre la virtuosité comme une élévation d’émotion et de beauté.

 

« Dans mon programme, on peut ressentir une sorte de relation qui combine la grande sonate de Schubert, le dernier Klavierstücke de Brahms et la sélection des Études d’exécution transcendantales de Liszt »

 

Comment voyez-vous le monde de la musique classique en France ?

Jusqu’à présent, je joue en France de façon sporadique. Mais pour autant que je puisse en juger, je pense qu’en France, la musique classique est reconnue comme un élément important de la culture nationale. Il y a beaucoup de festivals très appréciés et de salles prestigieuses. Le berceau de l’impressionnisme, la beauté du pays, la nourriture et le sens du goût de l’homme inspirent les artistes classiques et créent une aura parfaite pour l’art en soi.

En tant que pianiste et compositeur, que pensez-vous de la position que chaque pays européen accorde à la formation musicale ? Est-ce suffisant ou non ?

Je pense qu’en général, en Europe, il y a beaucoup de respect vis-à-vis de la musique et, en particulier, de la musique classique. Je pense par exemple que les compositeurs sont respectés dans leur pays d’origine, en particulier lorsque leur travail représente un lien étroit avec leur pays et ses caractéristiques. J’aimerais imaginer un échange d’artistes plus important entre les différents pays. Chaque artiste professionnel peut offrir une vision individuelle et extrêmement claire de son âme et créer des visions et des histoires fantastiques. En ce qui concerne la musique classique, il peut être intéressant d’organiser parfois des représentations en direct avec des comparaisons d’interprétation permettant au public de développer une sensibilité plus profonde de l’audition et de l’expérience musicale…

 

« En général, en Europe, il y a beaucoup de respect vis-à-vis de la musique et, en particulier, de la musique classique »

 

Après ce concert à Paris, quel est votre programme ?

Je vais jouer le concert de piano no 2 de Mc Dowell à Weimar.

Avez-vous d’autres projets dans le futur ?

J’ai quelques projets en tête, oui. Les CD en feront partie – le programme est toujours secret.

 


« Nuits Oxygenes »
Concert de Severin Von Eckardstein
mercredi 05 juin 2019 à 20:00
Eglise Lutherienne De Saint-Marcel
24, rue Pierre Nicole -75005 Paris

Pour acheter des places du concert :
https://www.digitick.com/d/event/concert-de-severin-von-eckardstein/eglise-lutherienne-de-saint-marcel/6059125

 

 


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(crédit photo à la une : Severin Von Eckardstein – ©Jean-Baptiste Millot)

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