D.I.V.A : l’Opéra sans dessus dessous

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Par Nicolas Vidal – Le projet totalement fou de 5 filles qui révolutionne l’Opéra avec D.I.V.A. Des grands opéras repensés sur des formats courts de 10 minutes dans une tradition «ba-rock» totalement dantesque. Une manière géniale de se familiariser à l’Opéra ou de le découvrir sous un aspect plus ludique ! Fascinant.

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Comment est né ce projet D.I.V.A ?
D.I.V.A est né de notre rencontre sur une production d’opéra le 10 août 2015. Nous avons très vite su que nous voulions collaborer ensemble et que nous avions des idées et des valeurs communes concernant le monde du spectacle et de l’opéra que nous aimons tant. Nous sommes toutes les deux passionnées par la scène et nous désirions ensemble proposer un projet différent qui nous ressemble.

Comment avez-vous sélectionné les œuvres que vous souhaitiez revisiter ? Quels ont été vos critères de sélection ?
D.I.V.A est un projet qui vise à apporter l’opéra à des personnes qui n’y vont pas forcément autant qu’aux amateurs éclairés.
Il était important pour nous de choisir pour ce premier volet six des opéras les plus joués et connus au monde. Nous voulions des opéras de langues et d’époques différentes et dont les airs les plus connus étaient déjà de manière plus ou moins consciente dans l’oreille de tous (films, publicités…).
Pour être tout à fait honnêtes, ce sont aussi six de nos opéras préférés. Notre choix s’est donc porté sur La Traviata, Don Giovanni, La Flûte Enchantée, Carmen, Tosca et les Contes d’Hoffmann.

Comment a été motivé ce choix de proposer des formats courts de 10 minutes ?
Nous aimions l’idée de trouver un moyen de rendre l’opéra plus accessible sans dénaturer la musique telle qu’elle a été écrite par les compositeurs. Nous nous sommes donc dit : quel meilleur moyen de faire découvrir notre musique que de la rendre abordable en en réduisant drastiquement la durée ? Nous ne pensons pas que cette musique a besoin d’être dépoussiérée mais nous voulions casser les a priori qui font qu’une grande partie du public ne se dirige pas naturellement vers les Maisons d’Opéras. Notre manière à nous a été de les réduire à 10 minutes!

Au regard de ces formats, on imagine que la difficulté réside dans le fait d’adapter les oeuvres à ce laps de temps très court. Quel a été le processus de création de ces versions réduites ? Comment conserve-t-on une exigence entre la création et les œuvres ?
À la création du projet, nous nous sommes réunies avec Manon Savary, notre metteur en scène, pour réfléchir à un moyen de réduire ces œuvres, tout en gardant une trame narrative et un sens musical. Nous avons sélectionné ensemble les différents extraits que nous souhaitions garder et avons ensuite confié ce difficile travail à notre arrangeur, Olivier Rabet, pour qu’il rende tout cela musicalement intéressant.
Dans les extraits choisis, très peu de choses ont été ajoutées ou retirées, mais simplement redistribuées différemment.
Le quatuor à cordes joue les parties d’orchestre, les chanteuses se distribuent les lieds, les chœurs ainsi que les autres instruments. Nous espérons donc avoir réussi à garder l’exigence des œuvres par notre création.

En quoi D.I.V.A bouscule-t-il les conventions ? Comment est perçu votre projet dans le monde de l’Opera ?
Nous ne prétendons pas bousculer les conventions mais proposer une relecture qui est la nôtre, de ces différents opéras. Nous ne prétendons pas remplacer en 10 minutes un opéra dans son intégralité mais un aperçu ludique. Nous sommes conscientes que les choix que nous avons faits sont audacieux : les femmes chantent aussi les rôles d’hommes, l’orchestre est remplacé par un quatuor à cordes, les opéras sont réduits à leur essence, et nous comprenons que cela bouscule l’opéra tel qu’il a toujours été proposé. Ce projet n’a pas été créé en rejet à notre monde qui est celui de la Musique Classique mais au contraire dans une volonté de le faire découvrir à un public plus vaste. À ce jour, nous sommes très heureuses que D.I.V.A ait été très bien accueilli par nos pairs.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette idée de démocratisation de l’opéra au regard de ce projet artistique?
Nous ne savons pas si démocratiser est le mot qui correspond plutôt que simplement apporter une différente lecture de l’opéra à un public plus vaste.
Nous aimerions que grâce à un projet comme le nôtre les enfants à l’école puissent découvrir cette musique de manière ludique, que notre public se sente libre de venir à notre spectacle dans la tenue qu’il souhaite, qu’il ne soit pas inabordable financièrement de venir nous voir jouer, et si à la fin d’un de nos spectacles nous avons pu donner l’envie à certains de découvrir les opéras dans leur intégralité, alors nous aurons gagné.

La présentation fait état d’un « projet mobile » qui peut s’adapter à toutes occasions. Etait-ce une volonté dès la création de ce spectacle de pouvoir s’adapter à différents lieux et à la scénographie ?
Tout à fait ! Dès les premières ébauches de la création de ce projet, nous tenions à avoir la chance de nous produire dans des lieux insolites et inhabituels pour ce type de musique. C’est entre autres ce qui a confirmé notre décision de travailler avec un quatuor à cordes, beaucoup plus mobile qu’un piano. Nous espérons avoir la chance de nous produire dans des lieux où l’on ne nous attend pas.

En quoi D.I.V.A est-il un opéra Rock?
D.I.V.A ne peut être qualifié d’opéra rock car la musique est tout ce qu’il y a de plus classique et opératique. Si par opéra rock vous vous référez à nos costumes fous alors nous préférons le terme ba-rock!

Comment s’est passée votre collaboration avec Manon Savary ? En quoi a-t-elle été importante pour la construction de ce projet ?
Manon a intégré le projet dès sa création à notre plus grand bonheur! Nous avons toujours su que nous voulions travailler avec elle, pour son univers décalé et extrêmement créatif, son implication et son acharnement au travail. En collaboration avec Louis Décamps, photographe de mode, ils ont apporté à D.I.V.A cette image complètement folle. Ils ont créé ces personnages que nous incarnons et qu’ils ont poussé à l’extrême. Manon est quelqu’un qui a baigné depuis toujours dans le monde du théâtre mais qui a aussi une connaissance extrêmement pointue de l’opéra, ce qui est un mélange parfait pour un projet comme le nôtre.

Pour finir, dans cette idée de démocratisation qui est la vôtre, comment présenteriez-vous succinctement ce spectacle à des gens qui ne vont jamais à l’Opéra ?
D.I.V.A, c’est 5 chanteuses lyriques et un quatuor à cordes avec un vrai grain de folie qui vous font découvrir de manière décalée et ludique un monde que vous ne connaissez pas forcément. Vous allez rire, vous allez pleurer et vous allez évidemment choisir votre diva préférée !

D.I.V.A
Universal Music

( crédit photo : Louis Décamps )

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