Grun - Photo - Metronom' - Editions Glénat

Grun : les secrets de la série BD Metronom’

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Par Nicolas Vidal – Dès les premières planches de «Metronom’», les questions ont afflué pour en savoir plus sur les secrets du dessinateur Grun à l’occasion cette nouvelle série BD de 5 tomes, réalisée en collaboration avec Eric Corbeyran. Grun campe une atmosphère pesante dans un monde futuriste, totalitaire et totalement artificiel.

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Il joue magnifiquement avec les couleurs au gré des décors, des situations et des personnages. Un dessin magnifique, extrêmement réaliste qui revêt une force d’immersion incroyable pour le lecteur. Rencontre avec Grun et ses secrets graphiques.

Grun, une première question qui nous brûlent les lèvres. Quelles ont été vos premières lectures de littérature fantastique et de science-fiction ?
Mes premières lectures étaient Asimov, Arthur Clarke, Ray Bradbury, Stephen King… ce sont encore mes favorites !

Comment êtes-vous parvenu à cette immersion progressive dans le dessin jusqu’à devenir dessinateur de bande dessinée ?
Au bout de plusieurs années de travail ! Le dessin, c’est beaucoup d’investissement personnel, une quête perpétuelle. Après avoir travaillé dans la publicité et le jeu vidéo, j’avais très envie de dessiner des histoires en ayant carte blanche sur mon travail.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’apport artistique lors de la découverte de Moebius dans votre carrière artistique ainsi que dans votre dessin ?
Moebius, c’est le père de la bande dessinée moderne, un modèle, une carrière incroyable, une aura mondiale ! Sa grammaire graphique a totalement révolutionnée la BD. Mais mon admiration s’arrête là. Il est unique, le copier ne m’intéresse pas.

« Moebius est le père de la bande dessinée.

Sa grammaire graphique a totalement révolutionnée la BD »

Directeur artistique de magazines jeunesse, designer de décors et de personnages 3D ou encore roughman, que vous ont apporté toutes ces expériences ?
Je suis graphiste de formation. C’est un métier qui ouvre pas mal de perspectives. J’ai eu la chance de pouvoir travailler dans différents domaines, cela m’a permis d’évoluer et de m’enrichir graphiquement. Le jeu vidéo est une bonne école, il y a beaucoup de similitudes avec la bande dessinée.

Les séries « La conjuration d’Opale » et « Métronom’ » ont été réalisées en collaboration avec Eric Corbeyran. Comment est née l’idée de Métronom’ avec Eric Corbeyran ?
Eric Corbeyran est un scénariste très prolifique, c’est un grand professionnel. Métronom’ a été l’un de ses tout premiers projets, qui à l’époque, n’avait pas séduit les éditeurs. Ce scénario lui tenait tellement à coeur qu’ il a décidé de le réécrire et de me le soumettre. Le gros de mon travail a été de donner un look à cette histoire, de créer un univers oppressant et réaliste.

GRUN – Metronom

Le monde de Métronom’ est plongé dans une atmosphère étouffante et pesante propre au régime totalitaire. Comment avez-vous choisi de travailler votre dessin pour rendre au plus près cette atmosphère si particulière ?
Le monde du Metronom est totalement artificiel, l’air et l’eau sont reconstitués, la végétation a quasiment disparu de la ville. J’ai opté pour un dessin très réaliste donnant au récit toute sa force. Le travail sur les décors a été conséquent, beaucoup de perspectives, de textures. Les décors sont en quelque sorte le centre névralgique de cette bande dessinée.

Comment avez-vous travaillé avec Eric Corbeyran sur la construction du récit et l’avancée graphique du projet ? Est-ce une discussion permanente entre vous au fur et à mesure de la progression des planches ou préférez-vous un ajustement final lorsque la bande dessinée est terminée de votre côté ?
Avec Eric Corbeyran, il n’y a pas de discussion permanente, chacun fait son boulot de son côté. C’est une façon de travailler, j’aurais préféré plus de complicité sur ce projet.
En tant que dessinateur, comment appréhendez-vous la trame de vos dessins et la construction de vos planches sur une longueur de 5 tomes ? Suivez-vous un fil rouge qui vous est propre ou vous permettez-vous de modifier votre façon de dessiner dans l’élaboration des scènes et des décors ?
Pour l’élaboration des scènes et de la mise en page, j’ai une grande liberté d’action. Je peux faire évoluer les cadrages selon l’intensité. Le découpage scénaristique est une base, à moi de la transcender. C ‘est comme si j’étais derrière la caméra.

« Les décors sont en quelque sorte le centre névralgique de Metronom’»

Votre travail sur les couleurs est impressionnant. Elles sont multiples et varient tout au long de la série. Quel est votre rapport à la couleur, Grun ? Aimez-vous la travailler au gré de l’histoire et des soubresauts de la trame ?
La couleur, c’est comme la musique d’un film, elle doit servir la narration. Je réalise mes planches en « couleur directe » (Crayonné, encrage et couleurs sur la même planche). Cette technique est difficile, mais elle permet d’avoir un rendu unique !
Je mélange aquarelles, encres de couleur, gouaches et acryliques liquides. Chaque peinture permet des effets différents, tous les moyens sont bons pour arriver à mes fins.

Pour finir, pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’’exposition qui se tient actuellement à la Galerie Daniel Maghen sur Métronom’ ainsi que votre prochain projet « On mars » qui devrait sortir en début d’année prochaine, cette fois-ci publié par la Galerie Daniel Maghen ?
Les deux derniers tomes de la série Métronom’ sont mis a l’honneur pour cette exposition, avec des illustrations inédites. J’en profite pour remercier Daniel Maghen et toute son équipe.
« On Mars », est effectivement ma prochaine série de science fiction (sous forme de trilogie) scénarisée par l’excellent Sylvain Runberg (Orbital, Millénium…).
Pour le pitch : on est en 2132. La découverte des gigantesques ressources Martiennes en eaux souterraines sont à l’origine du projet de colonisation de la planète rouge. Mais la vague pénale répressive qui déferle sur Terre a conduit a légaliser la déportation de dizaines de milliers de prisonniers sur les chantiers Martiens, afin d’accélérer les travaux de colonisation. Le projet symbole d’espoir pour l’humanité va se transformer en enfer pour celles et ceux qu’on envoie de force sur ces chantiers. Pour y travailler. Et y mourir.
Le premier tome est prévu pour la fin d’année prochaine. Autrement dit, j’ai du pain sur la planche mais ce projet m’enthousiasme !

Exposition Grun
Du 16 décembre au 9 janvier 2016
Galerie Daniel Maghen
47, quai des Grands Augustin
75006 Paris
www.danielmaghen.com

La série Metronom’
Scénariste Eric Corbeyran
illustrateur : Grun

Editions Glénat

Tome 1 : Tolérance Zéro
56 pages
13,90 €

Tome 2 : Station orbitale
56 pages
13,90 €

Tome 3 : Opération suicide
56 pages
13, 90 €

Tome 4 : Virus psychique
56 pages
14,50 €

Tome 5 : Habeas Mentem
56 pages
14,50 €

Visuels © Eric Corbeyran – Grun / Glénat 2015

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