Presse & médias : le journalisme raconté à l’heure de google

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Par Laurence Biava – Les « Nouvelles mythologies » collection dirigée par Mazarine Pingeot et Sophie Nordmann, a publié ce premier texte très maîtrisé et stylisé. C’est un livre important qui nous questionne sur les enjeux à venir dans la presse du futur.

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Lecture agréable et fluide, rendue accessible à tous par ce fameux «naïf» posant toujours les bonnes questions aux bons moments. C’est un livre qui laisse libre cours à la dualité entre presse d’antan et médias contemporains, et qui constate une évolution qui pourrait se révéler bien moins révolutionnaire qu’on ne pourrait le penser. C’est un essai qui se lit comme un roman d’apprentissage au sens propre. L’interrogation essentielle du livre : le journalisme, à l’ère 2.0, n’est-il devenu qu’un divertissement, que de l’entertainment ? Les journalistes se slashent pour mourir est stimulant, parce qu’il met en parallèle un échange épistolaire très éclairant entre un historien et un étudiant dont les points de vue sont divergents autant que complémentaires.
Le premier expédie ses missives par voie électronique, tandis que le second lui répond par voie postale. On ne s’attend d’ailleurs pas à ce que ce soit l’étudiant, qui se fasse l’apôtre du « c’était mieux avant » en déplorant la situation actuelle. Le journalisme face au défi numérique estlonguement questionné.. C’est un récit espiègle, malicieux, ludique, qui rend éclatanta la pensée.

On assiste à des conférences, des conversations dans des restaurants, il y a des nuances de caractères, de belles descriptions de visages. Des dialogues vifs et conséquents, plongés dans un univers qu’on n’imaginait pas susceptible d’autant d’analyses. Le récit donne à voir, à réfléchir, à soupeser. L’auteur contextualise et dédramatise les illusions de part et d’autre
Tout cela résonne fort et en l’occurrence, pour ceux qui ne sont pas journalistes. Le journalisme à l’ère de Google taraude tout le monde médiatique depuis fort longtemps. Nos conditions de geek assumés qui ne peuvent vivre sans tablette, smartphone, écrans, Amazon, e-books nous rendent extrêmement sensibles aux avancées technologiques. Parce que le lecteur n’est pas rétif au changement. C’est peut être une fatalité nécessaire et pas forcément regrettable. 

La pensée de Lauren Malka, dans cette mise en parallèle incarnée et nourrie, pose un regard cultivé et passionné sur ce métier qu’elle pratique avec talent. C’est un bon livre expérimenté, constitué de rencontres, de visages et de paroles émouvantes. A lire pour sa grande érudition et le frémissement qu’il procure.

Les journalistes se slashent pour mourir – (la presse face au défi numérique) de Lauren Malka
Robert Laffont – 155 pages

Lauren Malka est journaliste. Après avoir été rédactrice en chef du site Myboox.fr; elle a notamment collaboré au Magazine littéraire et au Figaro Magazine, ainsi qu’à l’émission «Au fil de la nuit». Les journalistes se slashent pour mourir est son premier livre publié.

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