Ossip Mandelstam : un acte politique intolérable

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Par Pascal Baronheid – Le 17 avril 1934, Ossip Mandelstam est arrêté à Moscou. Ses visiteurs cherchent un poème sur Staline. Ils fouillent, secouent, éventrent. Ecrire étant qualifié d’acte de terrorisme, Ossip a pris la précaution d’éparpiller ses textes parmi des amis sûrs.

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C’est donc la trahison d’un « ami sûr » qui a alerté le régime. De retour d’exil, la misère, la maladie n’épargneront pas le poète et son épouse Nadejda. Ossip sera de nouveau arrêté, le 1er mai 1937. Il mourra l’année suivante dans un camp de transit.

Vénus Khoury-Ghata raconte sa fin et reconstitue les derniers jours d’une souffrance sans nom. Poète sensible et solidaire, romancière subtile, familière des lieux de la douleur, elle arrache à la mémoire de son Liban les derniers carats noirs de la terreur. « Faute de pouvoir enterrer son mort, Nadejda fera le tour de tous ceux qui gardaient ses poèmes pour les ramasser ». Vingt ans passés à tenter de retrouver des bribes de l’homme aimé, jeté dans une fosse commune. Avait-il eu le temps de lire, de Jack London « Je veux brûler tout mon temps. Etre cendres plutôt que poussières ». Croire en des jours meilleurs : un acte politique intolérable pour celui qui arpentait le Kremlin sous son képi, les sourcils broussailleux et la moustache débonnaire.

« Les derniers jours de Mandelstam »
Vénus Khoury-Ghata, Mercure de France,14 €

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