Pigments : esquisse théâtrale d’une thérapie amoureuse

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Par Florence Yérémian – Chloé et Nicolas sont fiancés. L’une est peintre, l’autre neurologue et ils vivent ensemble depuis quatre ans. L’idylle est belle et semble durer jusqu’au jour où Nicolas découvre que Chloé le trompe. Refusant tout repentir, il la quitte mais son infidèle est soudainement victime d’un accident. Devenue amnésique, Chloé ne se rappelle plus de rien, pas même du prénom de son conjoint ! Un certain neurologue entre alors dans sa vie pour lui faire retrouver la mémoire et tenter, si possible, de la reconquérir.

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La pièce de Nicolas Taffin dresse le portrait d’un jeune couple très contemporain. Confinés dans leur appartement, ils se câlinent, se chamaillent et passent le reste de leurs journées la tête dans les livres ou le pinceau à la main. Dissimulée derrière son chevalet, Chloé déborde de romantisme et rêve d’exposer ses toiles. Fine brindille aux grands yeux clairs, elle est interprétée avec une certaine fragilité par Mathilde Moulinat. Jolie comme une poupée peinturlurée dans sa salopette, la jeune comédienne possède une espièglerie et une fraicheur évidente. Elle offre cependant une interprétation qui demeure trop sur la défensive. D’avantage d’aisance et de complicité avec son partenaire la rendrait beaucoup plus crédible aux yeux du public. À ses côtés, Nicolas Taffin semble prendre son rôle plus à coeur : malgré le cartésianisme de son personnage, il s’amuse à jouer les charmeurs et fait preuve d’une belle décontraction.
L’intérêt de cette histoire n’est pas de mettre en exergue le désespoir amoureux. Il repose, au contraire, sur la reconquête et l’évolution de la relation entre Chloé et Nicolas qui passe du statut de couple à celui de médecin face à son patient. La demoiselle ayant perdu la mémoire tout est à reconstruire pour elle, y compris sa vie amoureuse. Le spectateur est donc invité à voir cette « renaissance » sans trop savoir si la protagoniste sera prête à accepter sa nouvelle existence et si elle succombera encore à son ex-fiancé.

C’est dans un décor sobre qu’évolue ce jeune couple : entre quelques photos, des esquisses de nus et une copie de L’Étreinte d’Egon Schiele, on les voit travailler ensemble sur la mémoire de Chloé. Remontant le temps, ils retrouvent des souvenirs, les ressassent et finissent même par en imaginer. Malgré un début lent et superficiel, la mise en scène gagne en saveur en seconde partie. Plus d’humour serait néanmoins le bienvenu (la saladinette magique ne suffit pas à détendre l’atmosphère), d’avantage d’émotions également, et pourquoi pas des dialogues emprunts de métaphores autour du titre de la pièce : lorsque l’on parle de « Pigments » toute une palette apparaît dans nos esprits pour composer subtilement une toile théâtrale. L’écriture du scénario peut alors se truffer de sous-entendus en évoquant un amour qui « s’estompe », une mémoire « incolore », et passer ainsi progressivement d’un tableau aux tons pastels à une théâtralité aux couleurs vives !
En dépit de quelques invraisemblances et d’inévitables clichés à l’eau de rose, la pièce de Nicolas Taffin nous offre un beau moment de fraîcheur. Actuelle et sans fioritures, elle pourrait presque nous faire penser à du Lilian Lloyd. (voir Si tu me quittes, je viens avec toi et Joyeux anniversaire quand même)

Pigments
Une pièce de Nicolas Taffin

Du 16 septembre jusqu’au 8 janvier 2017
Vendredi, Samedi 21h30
Dimanche à 19h

Mise en scène Elodie Wallace
Avec Nicolas Taffin et Mathilde Moulinat
Musique de Diane Poitrenaud
Lumière de Jean-Philippe de Oliveira

Informations pratiques :

Théâtre de la Contrescarpe
5, rue Blainville – Paris 5e

Réservations: 01 42 01 81 88
www.theatredelacontrescarpe.fr

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