La grenouille avait raison : les abysses créatifs de James Thierrée

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Par Romain Rougé – Nouvelle création de James Thierrée, La grenouille avait raison était présentée au 30ème Printemps des Comédiens de Montpellier. Un spectacle à l’envers du naturel, hypnotisant. Tout comme son titre, l’œuvre scénique de James Thierrée restera énigmatique.

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L’important ici n’est pas tant de comprendre, mais bien de ressentir les effluves d’une représentation rocambolesque. Le rideau écarlate s’ouvre dans une sonorité de braise avant de filer dans la pénombre comme une vague. L’écume de cette dernière est la scène. Apparaît une fratrie mystérieuse et un décor sibyllin sur lequel plane une entité d’acier géante. Certains y verront un nénuphar robotisé, d’autres une soucoupe aux corolles tentaculaires. Peu importe, une fois le rideau levé, c’est l’imagination de chacun qui a raison. S’ensuit un huis-clos des profondeurs, dans lequel les personnages muets, emprisonnés, siphonnés, vont galvaniser la scène, entre cirque, comédie, chants, danses, prouesses physiques et techniques.
Visuellement, le spectacle est beau, sophistiqué et enchanteur. On est ici quelque part entre l’univers gothique de Tim Burton et le monde abyssal de Jules Verne. Les décors, la machinerie, impressionnants, confèrent à l’œuvre son halo fantasmagorique, au-delà de toute raison.

La grenouille avait raison : Valérie Doucet & James Thierrée dans les abysses théâtraux

Les acteurs ne sont pas en reste. La contorsionniste Valérie Doucet joue avec son corps malléable, une danse macabre et gracieuse à la fois. S’ajoute à cela les gesticulations de Thierrée qui, sans un mot, fait parler la moindre parcelle de son corps, cheveux compris. Au fond, les personnages autant que les spectateurs sont engloutis dans les abysses théâtraux, guidés par les envolées lyriques de la chanteuse Mariama.

Quand on sait que James Thierrée est le petit-fils Charlie Chaplin, on comprend mieux la folie bohème qui imprègne son personnage et le spectacle dans son ensemble. Les déambulations scéniques vives et muettes en sont peut être l’héritage le plus frappant.
Souvenons-nous aussi que la grenouille est un personnage majeur du folklore populaire et enfantin, ou une référence biblique : c’est un animal qui peut être maléfique et répulsif ou, à l’inverse, magique et bienfaisant. Une piste qui peut éclairer les spectateurs les plus terre-à-terre.

Pour ceux qui préfèrent rester dans les eaux troubles artistiques, citons juste Thierrée : « Je fais du théâtre pour ne pas expliquer ce qui remue à l’intérieur, plutôt pour rôder autour. »

La grenouille avait raison
Compagnie du Hanneton – Scénographie et musique originale : James Thierrée

Production et coordination : Emmanuelle Taccard, Sidonie Pigeon – Coordination technique : Anthony Nicolas – Avec : Valérie Doucet, Samuel Dutertre, Mariama, Yann Nédélec, Thi Mai Nguyen, James Thiérée.

( Crédit Photo Richard Haughton )

30ème édition du Printemps des Comédiens

THEATRE JEAN-CLAUDE CARRIERE
mercredi 22 juin / 20h00
jeudi 23 juin / 20h00
vendredi 24 juin / 21h00
samedi 25 juin / 21h00
www.printempsdescomediens.com

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