Dixon

Lucy Dixon : une femme de swing et de pep’s

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Par Nicolas Vidal – Lucy Dixon a cette faculté de vouloir faire art avec toutes les disciplines qui la passionnent : le chant, la danse, la chorégraphie, la mise en scène et les claquettes. Lulu’s Back in Town est une immersion musicale dans les années 30/40 aux Etats-Unis. Composé uniquement de reprises de grands standars américains, Lucy Dixon a réussi à insuffler dans cet album une bonne dose de swing et de pep’s !

propos recueillis par

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Au-delà de la chanson, vous êtes une artiste polyvalente. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les formations artistiques que vous avez reçues ?
Des l’âge de 4 ans je savais que je voulais être danseuse… cette obsession ne m’a jamais quittée ! J’ai fais mes études de danse à Londres.Au début, j’ai travaillé la danse classique et contemporaine. En parallèle, je suivais des cours de claquettes tous les samedis matins. J’ai eu la chance de faire une stage avec la légende de claquettes de Harlem, Honi Coles. J’avais 12 ans et lui 70 et je suis tombée amoureuse!
J’ai également dansé avec Will Gaines qui était un maitre dans l’art de l’improvisation.
Un peu plus tard, je me suis rendu compte que je pouvais et je voulais chanter (on a toujours chanté à la maison avec ma mère…). J’ai donc pris quelques cours avec une dame de l’Opéra et puis avec Mary Hammond qui travaille avec tout le monde en comédie musicale. Rapidement, j’ai arrêté les cours et je me suis entrainée toute seule pour trouver ma propre voix, un chemin qui continue aujourd’hui!

Plus personnellement, à quand remonte votre rencontre avec cet environnement artistique ?
J’ai des souvenirs d’avoir dansé dans le salon dans un tutu bleu que ma mère m’avait confectionné. J’avais 3/4 ans… Mon grand-père était passionné de danse classique Nous sommes donc allés a l’Opéra de Covent Garden ensemble. Malheureusement il est mort avant de savoir que je deviendrai danseuse mais je continue à aller voir des ballets avec mon père.
Chaque matin de Noël, les films de Fred Astaire passaient à la télévision. Mes parents était aussi fan que moi. Je dois dire que le film Fame m’a beaucoup influencé. Je l’ai vu au moins 8 fois a l’époque…

Quel est votre rapport à la musique et comment selon vous doit-elle résonner sur scène ?
Je n’avais jamais fait des études de musique mais j’ai écouté toutes sortes de choses même avant ma naissance! Mes parents avait une collection de vinyles très éclectique de Chopin à Count Basie, passant par les Beatles, les Rolling Stones, Grateful Dead, Bill Evans… Mon frère était doué au piano et il était également musicien professionnel baroque d’hautbois. Plus tard, il a appris le saxophone soprano et maintenant il est musico-thérapeute. Mes parents jouent du piano aussi. Pour moi, la musique est une langage, une toile de peinture, une façon de s’exprimer, de se sublimer. Je ne considère toujours pas que je suis ‘musicienne’ exactement, mais quelque part, je danse les chansons, je les joue comme une comédienne. La partie musique est tellement naturelle et profonde que je pense à peine à ça.
Après, j’apprends toujours énormément des musiciens avec lesquels je travaille. j’ai beaucoup de respect pour eux et leur maitrise. Quant à la scène, forcément, j’adore jouer en live et partager ces moments avec le public. Pour moi, mon idéal est de faire une performance qui est riche en musique mais aussi qui nous emmène ailleurs, le côté ‘spectacle’ me fascine, tout ce qu’on fait avec des éclairages, des petites mise en scène et des idées visuelles.
Je viens d’un long apprentissage sur les scènes de comédies musicales et quand c’est bien, c’est magique!
Je suis aussi une artiste plasticienne et je travaille souvent avec d’autres artistes dans des projets plus éclectiques et étranges…
Pour moi le rêve serait de réunir tout ces choses, de trouver les points en commun entre les disciplines différentes…

Vous avez fait le choix de sortir un album composé uniquement de standards américains des années 30/40 sans aucune composition personnelle. Pourquoi ce choix ? Avez-vous une tendresse particulière pour cette époque ?
Quand j’ai décidé de prendre ce chemin, c’était après un projet d’album plutôt électro avec beaucoup de samples et d’improvisation.
«One Too» avec le Professeur Inlassable. Comme souvent on cherche à faire quelque chose très différent de ce que l’on vient de faire – je suis quelqu’un plutôt agitée et constamment à la recherche de nouvelles idées – je voulais faire quelque chose beaucoup plus structuré, de revenir à la source, la tradition des chansons quand c’était un vrai métier dans les années 20/30/40s. J’ai fait parti pendant presque 15 ans de la troupe Stomp comme performeuse avec des batteurs ! Du coup, j’ai décidé d’utiliser la formation manouche sans batterie et de donner plus d’espace à mes claquettes comme instrument de percussion. Tout cela réuni par la phénomène du ‘Swing’ qui est tellement joyeux et inséparable de Paris.
Oui, j’ai une énorme tendresse et un sentiment profond de nostalgie pour cette époque à tel point que parfois, j’aurais bien aimée vivre à cette époque. Mais ce qui est finalement plus intéressant, c’est de re-interprèter et de réinventer ces chansons avec le couleur de nos expériences d’aujourd’hui.

Vous donnez l’impression d’accorder une place importante au chanteur qui ne doit pas seulement se contenter de chanter. Est-ce le cas ?
Traditionellement dans le jazz, la chanteuse se contente de chanter une fois la chanson et puis elle attend patiemment que tous les solistes jouent pour ne revenir qu’à la fin du morceau.
Ce n’était pas mon rêve d’être uniquement «chanteuse» mais d’utiliser aussi tout ce que je peux faire pour m’exprimer sur scène, la voix, le corps, le comédie. Peut être je viens plus de la tradition de ‘Vaudeville’ . Ça me parait bizarre de rester immobile sur scène sauf si c’est mon intention d’utiliser ‘stillness’ pour renforcer un moment en particulier dans une chanson. Je suis quelqu’un très visuel finalement.

Pouvez-vous nous éclairer sur le titre de votre album, Lucy Dixon ?
‘Lulu’s Back In Town’ est une chanson que je connais surtout de Fats Waller, qui parle d’une femme, probablement une prostituée qui revient en ville et que certains hommes sont très heureux de retrouver ! Cela m’a paru évident comme titre, d’ailleurs mon père m’appelle toujours Lulu… De plus, j’adore Fats Waller, qui est un bon exemple d’un musicien qui joue drôlement bien la comédie aussi!

Que vous a apporté votre formation de la comédie musicale dans la chanson ?
Je crois que ça m’apporte la capacité d’être simplement à l‘aise sur scène. Par contre, je préfère m‘exprimer à travers d’un personnage dans la chanson que d’être obligée de parler moi-même!
Je suis très fan de Liza Minnelli, sa maitrise de la scène et sa puissance féminine… Forcément, pour les claquettes, c’est Fred Astaire qui me touche le plus. C’était un vrai musicien, un batteur, un pianiste, un artiste complet.
J’ai fait beaucoup de comédies musicales avant de commencer mes propres projets – Cats, Cabaret, ainsi que des musicales de Stephen Sondheim comme Company et Follies… Ce goût pour le ‘Showbiz’ ne me quitte jamais.

Laurent de Wilde participe à deux titres sur cet album. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette collaboration ?
C’était une collaboration sans aucun stress. Ma manageuse le connaît bien et lui a fait écouter mon projet. Il a adoré. Laurent peut tout jouer tellement bien, il est vraiment au service des projets quand cela lui plait . Nous sommes allés directement chez lui dans son studio–Garage dans le 20ème arrondissement, avec le producteur de l’album Steve Arguelles et nous avons enregistré sans trop réfléchir pour capter ce coté frais et improvisé. C’était un plaisir de travailler avec lui. Il a joué avec beaucoup de générosité et d’humour.

Peut-on dire que votre style musical est une forme de swing ?
J’espère! It don’t mean a thing if it aint got that swing, right?
C’est vraiment du Swing oui !

Si vous deviez définir en deux mots votre nouvel album, quels seraient-ils ?
C’est difficile comme question…
Lulu’s Back!

Où pourra-t-on vous voir sur scène dans les prochains mois ?
On vient de faire le New Morning en première partie de Térez Montcalm le 15 décembre dernier, La Bellevilloise, une soirée Swing extraordinaire ! Les prochaines dates se précisent mais rien n’est confirmé pour l’instant. Je serai en tournée ces deux prochaines années en France. Mon album va sortir bientôt et je commence à tourner dès le printemps. J’aimerais beaucoup refaire le Festival de Jazz à St Germain des Prés, c’est tellement un bel événement. J’ai été déjà invité sans avoir d’album ! On parle aussi de Jazz à toute heure dans la vallée de Chevreuse, de All that Jazz cet automne, j’aimerais aussi tellement être au Festival Django à Samois cette année et je croise les doigts ! Il y aura peut-être une résidence au Sunset Sunside, mais rien n’est confirmé encore …C’est çà, la vie d’artiste !

Lucy Dixon
Lulu’S Back in Town
SideStreet Music
www.thelucydixon.com

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