Sapiens : le livre audacieux de Yuval Noah Harari

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Par Laurence Biava – La lecture de Sapiens impose un silence. Un silence admiratif devant un travail d’une telle maestria. « Sapiens, c’est l’histoire de l’homo-sapiens, de son espèce, la seule à avoir survécu après 100000 ans, la seule espèce qui a réussi à dominer la planète.

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Sapiens ou l’histoire des ancêtres qui ont senti le besoin d’unir leurs forces pour créer des villes et des royaumes. Qui sont arrivés à construire des croyances religieuses et des concepts politiques que sont les nations et les droits de l’homme. Sapiens raconte l’homme devenu dépendant de l’argent, des livres et des lois »..
Le livre de Yuval Noah Harari est un livre très érudit et audacieux, possédant plusieurs intermédiaires auxquels l’auteur a souvent recours : la biologie, la philosophie, l’histoire. Il nous fait réfléchir et nous fait nous confronter à nous –mêmes. Nos actions, notre puissance, notre présent, notre futur sont désormais sous la proie de nos doutes, plus question d’affirmer quoi que ce soit.. Harari raconte cette Histoire bénie des dieux et c’est fascinant.
« L’homme est devenu l’espèce dominante sur la planète parce que la domestication du feu a ouvert le premier gouffre significatif entre l’homme et les autres animaux » écrit-il. Mais de toutes les causes qui nous ont propulsées au centre de notre avenir, c’est la fiction.
L’homme ne serait il pas qu’un animal savant, celui qui sait définiivement penser et agir en même temps ? Le seul capable de (se) raconter des histoires et de bâtir des renommées, des scénarios, des cultes ? Le seul capable de dresser des ponts et des passerelles entre les individus, lui permettant de codifier son modèle social et de parfaire son environnement économique. Aucune de ces choses n’a d’existence objective. Ce sont toutes des histoires qui nous ressemblent (et nous rassemblent, certes) mais que nous inventons en permanence. Sapiens n’est plus cet être primitif mais évolué qui croit sincèrement à la toute-puissance de l’argent et à l’existence des sociétés macro-économiques dans lequel, quoi qu’il en dise, il tente de se parfaire, afin de cimenter ses projets, et de parvenir au sommet. Le fantasme de totue puissance le caractérise amplement, là est sa façon d’avoir vaincu l’animal qui est en lui.
Sapiens raconte donc cette histoire du consumérisme. Il dit que « c’est la plus grosse lacune de notre intelligence de l’histoire ». La plupart des historiens, (mais pas tous les universitaires qui ont élaboré des thèses savantes sur le prolétariat et la place des femmes dans toutes les sociétés) se concentre sur les idées des grands penseurs mais ne dit rien sur le bonheur, la prospérité ou la souffrance. Or, le capitalisme est sans aucun doute la pire chose qui ait pu arriver à l’homme, celui-ci, on le sait, possède les clefs de sa propre prison.
Le livre Sapiens étudie spécieusement le rôle des animaux dans l’histoire, ce qui n’est pas si fréquent, et l’impact que les hommes ont eu sur eux. Il accorde également une large place au dépassement des limites biologiques humaines, partant du principe établi comme un e raison pure, que contrairement à l’animal, l’homme a tous les pouvoirs et notamment celui de s’auto-exterminer : l’Histories du XXème siècle, entre autres, l’a hélas démontré trop souvent. .
Mais l’autre grand périple est la capacité, dit l’auteur, de créer un être «surintelligent » qui dépasse et domine l’Homme lui-même. De nombreux experts estiment l’intelligence artificielle signera la fin du monde occidental tel que nous la connaissons et la fin de l’homme tout court.. Difficile de pousser des cris d’orfraie en s’opposant à ces projets de transhumanisme, quand on a passé sa vie –ce que souhaitent la plupart des hommes – à vouloir créer l’unité de la science sous tous ses aspects avec les croyances. Or, nous sommes totalement dépourvus face aux fondamentalismes religieux qui ne comprennent rien aux avancées technologiques et à toute notion novatrice fondée sur l’humain, liée elle-même et étroitement au progrès promis par les généticiens. .
Bravo pour ce livre extraordinaire, multiple, dense. Et pourtant simple, vulgarisé : il comporte pléthore de schémas. Sapiens est en quelque sorte, une encyclopédie vivante.

Yuval Noah Harari
Sapiens
Editions Albin Michel
217 pages.

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