Sophie Adriansen : une surdouée de la littérature

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Par Laurence Biava – bscnews.fr/ Sophie Adriansen est une surdouée de la littérature, à qui elle voue une passion sans limites. Incapable de vivre sans écrire, lectrice compulsive, jurée de plusieurs prix littéraires, bloggeuse attentive, rigoureuse et régulière, elle enchaîne également, en plus de ses fameuses chroniques plébiscitées un peu partout, et avec fougue et brio, les publications depuis cet automne.

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En novembre 2012, « J’ai passé l’âge de la colo », publié aux Editions Volpillière raconte l’histoire de Sybille 14 ans qui se retrouve contre son gré en colonie de vacances d’hiver. Sophie Adriansen raconte la galère du départ, le trajet, la répartition des chambres, le ski et comment, à contrecoeur, la jeune héroine, pour « digérer » ce séjour qu’elle n’a nulle envie d’effectuer, qe ses parents lui imposent, et auquel elle se résoud pourtant, se poste en observatrice. Elle tient un minutieux journal dans lequel elle raconte tout. L’ambiance, le climat, les rencontres, les premières histoires entre les garçons et les filles. Ainsi, au cœur de la collectivité, les jeunes tentent de s’apprivoiser, ils se testent, on ressent les premières brouilles, les premiers émois. A cause des relations avec les parents qui sont bien vues, bien analysées, j’ai fait lire ce livre à mes fils adolescents et c’est peu de dire qu’ils ont adoré.. Sous des aspects plutôt légers, le ton est parfois empreint d’une certaine gravité, pour relater ce monde singulier qu’est l’adolescence, où l’on se frotte aux autres, où l’on apprend la frustration, où l’on découvre la richesse et les ambivalences des relations humaines : il est des liens qui se font puis qui doivent se défaire, on se quitte difficilement après avoir eu du mal à s’aborder, c’est ainsi, c’est un tourbillon de vie intéressant, décrit de façon assez resserrée sur plusieurs jours. Microcosme agréable, délicieux et charmant, où l’on suit les aventures de chacun grâce au regard plein d’acuité, de vérité et parfois d’aigreur de la jeune Sybille..Un livre réussi, pétillant, intemporel. Un voyage au cœur de nous mêmes, de notre jeunesse revisitée, avec tous les chiasmes de la jeunesse d’aujourd’hui. Un bel angle. Un régal.
En janvier 2013, Sophie Adriansen signe chez Premium une biographie « Regardez moi là, vous ! » consacrée au comédien Louis de Funès, dont l’année 2013 fête le trentième anniversaire de la mort. La quatrième de couverture laisse bien entrevoir que ce fut un exercice à part, qui a exigé beaucoup de temps, de soin et de documentation : Cette biographie comprend 30 chapitres et il est évident que l’obsession de Sophie Adriansen fut le respect scrupuleux de la vérité et la recherche d’un travail parfait. Ce qui, évidemment, est le cas. L’auteur s’est donc appuyé toutes les personnes qui ont compté dans la vie de Louis de Funès. Chacun confie, raconte le souvenir qu’il possède de cet illustre personnage. De façon à interpeller le lecteur à qui la confidence rappellera une scène particulière de film.. L’ouvrage exeptionnellement maîtrisé à la fois sur le plan littéraire et dans son architecture, s’appuie sur une abondante production, une telle réussite, une telle élaboration laisse sans voix, au point de vous donner le vertige tant les notes sont impressionnantes. L’un des grands intérêts du livre, consiste à présenter l’homme qu’il était dans la vie, loin des considérations fumeuses qui ont émaillé sa réputation injuste autant qu’étrange. Certes, il avait le caractère bien trempé mais Sophie Adriansen nous donne des clés pour mieux le cerner et nous le présente sous un autre jour. Celui d’un être forcément rattaché à l’enfance, un personnage fédérateur, qui a réussi à faire la joie de familles entières des plus petits aux plus grands. Elle raconte un homme généreux, et réservé, travailleur, très sérieux, qui prenait le rire au sérieux, qui ne se fichait pas de son public, et qu’il est donc loin des quolibets dont il était affublé. Enfin, en mars 2013, Sophie Adriansen a publié son premier roman aux Editions Myriapode « Quand nous serons frère et sœur » et finalement, poursuit avec bonheur son écriture autour du thème de la fratrie, de la famille, des affinités exclusives et sensibles. De cet amour particulier. Je le dis d’emblée : j’ai passionnément aimé ce roman, je l’ai lu d’une traite, je le trouve exceptionnel, d’une intelligence folle, d’une sensibilité, d’une humanité à tomber par terre. A 30 ans, Louisa, métisse citadine, fille d’une Peule ramenée d’Afrique par un séducteur aventureux, qui ignore tout de ses origines, apprend la mort du père qu’elle n’a jamais vu et l’existence d’un frère, un paysan bourru, existence jamais soupçonnée. Il est question d’une histoire d’héritage sous condition. Il faut que Louisa vive un mois avec Matthias, son frère. Le roman nous conduit à Lougeac, dans un trou perdu de Haute-Loire, la région de résidence du héros. La jeune femme quitte alors Paris pour rencontrer ce qu’il est bien convenu d’appeler un parfait inconnu… Qui est Matthias ? Est ce le jeune frère qu’elle s’attendait à rencontrer ? Que va-t-il se passer dans cet environnement inhospitalier au possible auprès d’un presqu’ « étranger » ? Devant la difficulté de créer un lien fraternel, Louisa se demande si la solitude et l’absence de famille n’étaient pas préférables. L’état civil et le sang suffiront t-ils à justifier que Louisa et Matthias sont bel et bien frère et sœur ? Le miracle aura-t-il lieu ? Vont-ils finir par se reconnaître ? S’aimer ? La révolte n’est elle pas silencieuse ? D’où vient –elle ? La confrontation ne sera-t-elle pas inattendue ? Et que dire de ce testament paternel adressé ses deux enfants délaissés ? Ce thème est assez casse –gueule. La fratrie est un sujet difficile. Combien de véritables frères et sœurs s’entendent vraiment sans s’être jamais adressé de multiples reproches ? Combien n’ont pas dit et prétendu qu’ils préféraient construire des amitiés sincères avec des personnes étrangères à l’environnement familial ? Entre Louisa et Matthias, c’est ce désir d’unité qui transcende au travers de situations bien construites et de décors réalistes. L’intrigue qui reproduit le réel, est belle. C’est une histoire saillante, éclairante, sur la beauté des âmes. Sur la fraternité. Ce livre ne m’a pas laissé indemne. En 2013, cela fait du bien de basculer de la sorte.

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