Le Roi Bohème: un monologue enjoué et athlétique !

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Par Florence Gopikian Yérémian – bscnews.fr/ Aurelio est un bohème. Libre comme l’air, changeant comme le vent, il vit au gré du temps et de ses bons plaisirs. Apprenti-vendeur dans un magasin de chaussures, il y rencontre Camélia et ses petons menus. Soupirant après la belle, il abandonne son poste et suit ses petits pas pour lui conter fleurette. Face à cette idylle naissante, son terrible patron peste à tout va et renvoie illico son fantasque employé. Commence alors une bien terrible dégringolade: sans emploi, Aurelio perd toute notion des réalités. Tel un vagabond errant sous la lune, il se met à arpenter les rues, plonge dans l’alcool et finit même par être accusé du meurtre d’une jeune fille…

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Afin de mettre en scène ce singulier récit, Vincent Goethals a opté pour un décor « à tiroirs » des plus efficaces: autour d’un lampadaire central, il a placé une lampe-demoiselle, un « caisson-maison » et une foule de papiers journaux éparpillés à même le sol. C’est au coeur de cette structure gigogne qu’évolue le pétaradant comédien Sébastien Amblard. La prose carillonnante et le verbe enjoué, il donne vie au personnage d’Aurelio dans un monologue des plus athlétiques. Changeant de ton et d’attitude au quart de tour, il passe de l’ivresse amoureuse au désespoir avec une fluidité consternante. Seul sur sa petite scène, il saute, danse, biberonne sa vinasse et hurle à s’en décrocher la mâchoire. La gestuelle aussi nerveuse qu’acrobatique, il nous fait songer à un saltimbanque déjanté qui n’hésite pas à taquiner son public : arpentant nonchalamment les gradins de la salle, il questionne les spectateurs, les séduit en s’effeuillant et va même jusqu’à leur demander l’aumône! Totalement désinhibé, Sébastien Amblard s’empare également des autres rôles de la pièce: tour à tour policier ou patron-chausseur, il décline les accents, joue les aguicheurs et s’immisce avec beaucoup d’humour dans les courbes voluptueuses et galbées de Mademoiselle Camélia.
Le talent de cet acteur est indéniable. Il faut toutefois souligner qu’il a pour piédestal un très beau texte signé Stanislas Cotton. Même si la diction de Sébastien Amblard est parfois trop insistante, on apprécie son audace et l’acharnement qu’il porte à vouloir se jeter à corps perdu dans les ciselures cocasses et poétiques de cette superbe écriture. Rebondissant sur chacune des sentences incisives de cet auteur contemporain, il nous livre une pièce au tempo preste et entrainant.
En voyant son Aurelio perdre successivement ses vêtements, sa dignité mais aussi son insouciance, on se dit néanmoins que la vie de bohème a définitivement bien peu d’attraits, même lorsque l’on en est le Roi…

Le Roi Bohème
Texte de Stanislas Cotton
Mise en scène Vincent Goethals
Avec Sébastien Amblard
Musique Pascal Sangla
Costumes: Sébastien Passot

Le Lucernaire
53, rue notre Dame des Champs
Paris 6e

Jusqu’au 8 aout 2015
Du mardi au samedi à 19h
Rencontre avec l’auteur et l’équipe artistique le 26 juin à l’issue de la représentation.
Réservation: 0145445734

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