Le dernier cri de Constantin : comédiens et marionnettes sur les bancs de l’école

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Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Dans le cadre du Pyka Puppet Estival, la dernière création de Pierre Blaise interroge les relations entre théâtre d’acteurs et de marionnettes. Une œuvre en hommage au théoricien Constantin Stanislavski.

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Les comédiens en herbe connaissent forcément la méthode Stanislavski. Pour les autres, « Le dernier cri de Constantin » est l’occasion d’en saisir l’essence. Sur la scène du théâtre de l’Atalante, le professeur Torstov (Marc-Henri Boisse) dirige son élève Maria (Larissa Cholomova) avec la complicité des vers de Shakespeare et la dramaturgie d’Othello. Souffle, pause, le texte doit être ressenti, guidé par le tempo et le rythme, retenu parfois pour mieux laisser pénétrer le sens. Sur les planches, qu’est-ce qui crée l’illusion ? Quel savant cocktail permet à l’acteur d’entrer dans la peau du personnage et de mobiliser la mémoire affective au service du jeu ? Le metteur en scène Pierre Blaise s’inspire du grand théoricien du théâtre et directeur d’acteurs russes, Constantin Stanislavski, à travers une création qui porte son sceau, sa patte, celle du théâtre de marionnette et de sa compagnie, Théâtre Sans Toit fondée en 1977. Car la marionnette est un pantin critique. Dotée d’émotions et d’expressivité, elle est le bras droit de l’acteur, son prolongement, peut-être même son meilleur reflet.

Le professeur Torstov, campé par Marc-Henri Boisse dont la voix grave et prosaïque nous emporte dès la première réplique, s’adresse à ses disciples qui ne sont autres que des marionnettes à gaine émouvantes, comiques aussi, sublimes sans nulle doute. On salue au passage le remarquable travail de création qui leur donnent cette physionomie à la fois sobre, enfantine et contemporaine, ainsi que les costumes réalisés par les Ateliers de l’Yonne, à la croisée entre les jupons de la cousine Bécassine et la célèbre robe Mondrian signée par Yves Saint-Laurent. Manipulés par Brice Coupey, les élèves facétieux s’amusent tour à tour par leurs actes à donner vie à l’invisible, tintent leur voix d’excitations crédibles, font semblant pour transcender l’imaginaire en objet palpable. Ces allers-retours entre l’apprentissage des comédiens et celui des marionnettes traduisent avec pertinence le travail pédagogique qui se joue en coulisses.

Le dernier Cri de Constantin est une pièce décalée, parfois cacophonique, servie par une scénographie ingénieuse mais une réussite assurément. Au-delà des enseignements de Stanislavski, cette création sonde la distribution des rôles. Qui manipule qui ? Qui est l’élève ? Qui est le maître ? Chacun apprend des autres car c’est bien souvent en se laissant entraîner par ces doubles-jeux que l’on touche du doigt l’excellence, la véritable prestidigitation, cette magie qui opère au cœur du théâtre.

Le dernier Cri de Constantin (Théâtre Sans toit, Gonesse, France)
Durée du spectacle : 1h05
Spectateurs : tout public
Mise en scène : Pierre Blaise / Assistante à la mise en scène : Veronika Door
Dramaturgie : Pierre Blaise, Yves Chevallier
Marionnettes, scénographie : Andreï Sevbo, Pierre Blaise, Gilbert Épron
Costumes : Ateliers de l’Yonne
Lumière : Gérald Karlikow
Musique : Joël Simon
Direction technique : Jean-Christophe Sohier
Comédiens : Marc-Henri Boisse, Brice Coupey, Larissa Cholomova
© J-Y Lacôte

Lors du PYKA PUPPET ESTIVAL, le 6 juin 2015 à 15h et 19h au Théâtre L’Atalante (10 place Charles Dullin, 75018 Paris)

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