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François Ayroles : une sacrée affaire au royaume des mots

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Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Après trois ans d’études à l’École européenne supérieure de l’image à Angoulême, François Ayroles débute comme auteur dans la revue de bande-dessinée des éditions Autrement et dans la revue Lapin, éditée par L’Association.

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Lorsqu’on découvre qu’il est un membre de l’Oubapo (Ouvroir de bande dessinée potentielle), son dernier one-shot, intitulé « Une affaire de caractères » sonne comme une évidence pour un créateur habitué à se donner des contraintes de forme et/ou de fond. « Une affaire de caractères » narre les aventures d’un livreur et poseur de bandeaux et enseignes, du nom de Ramon Hache dans la ville de Bibelosse. Entièrement investie par des obsédés des mots, de poésie et de littérature, cette ville est riche en personnages atypiques et hauts en verbe ! Or, horreur suprême!, soudain, une succession de meurtres étranges sont commis en quelques heures dans cette bourgade pacifique. Qui est le serial killer qui imagine ces mises en scène étranges? L’inspecteur Edgar Sandé réussira-t-il à démêler le mystère et à ne pas trop s’en laisser conter?
Rencontre avec la plume et le pinceau de cette fiction aussi décalée que poétique où la logique croise le fer avec l’imagination et la case flirte avec les divagations littéraires… Un ouvrage propre à séduire tous les amoureux des Lettres, même ceux qui n’ont pas l’habitude de côtoyer les planches!

Quand on regarde les titres de vos précédentes éditions « les parleurs »,  » les penseurs », « les lecteurs » ou même votre collaboration pour « Les plumes », on se dit que cette histoire était peut-être en gestation depuis longtemps dans votre tête…ou l’on se trompe?
Effectivement, j’ai commencé d’y travailler il y a une dizaine d’années (avant la parution des titres que vous citez). Alors que j’ai un penchant particulier pour concevoir des histoires « muettes », je voulais me confronter à la présence du texte dans la bande dessinée, que ce soient les façons particulières qu’ont les personnages de s’exprimer ou en tant qu’élément physique (les lettres de l’enseigne, la forme des corps des victimes, etc.). L’idée d’une histoire criminelle avec un fort rapport avec la « lettre » s’est rapidement imposée.

Cette histoire est-elle née d’une fréquentation amusée et/ou assidue des cercles littéraires, d’ateliers d’écriture… ou tout simplement d’un goût prononcé pour la littérature?
Non, je n’ai pas de telles fréquentations. Je suis uniquement un lecteur que de nombreux écrivains ont marqué ( leur œuvre, mais aussi leur vie et leur personnalité).

Cette bande-dessinée est à la fois un hommage et une parodie du monde littéraire, non?
Plus hommage que parodie, je dirais, non pas au monde littéraire en général mais à certains écrivains particuliers (Raymond Roussel, Perec et l’OuLiPo). J’utilise souvent des artistes que j’admire comme modèles pour mes histoires.

Seriez-vous tenté d’imaginer un ouvrage du même genre qui rendrait hommage au neuvième art?
J’ai déjà fait quelques livres (trois) sur la bande dessinée qui sont des recueils de dessins humoristiques censés montrer des auteurs historiques dans des moments clés. J’ai par ailleurs des projets de bande dessinée mettant en scène des auteurs (fictifs).

C’est une bande-dessinée qui est née de multiples petites idées que vous avez compilées au fur et à mesure? Par exemple, comment est venue l’idée des jumeaux qui se partagent les bulles ou du personnage de Tézorus?
Des idées de personnages sont venues avant le principe de l’intrigue (des crimes alphabétiques), comme le personnage de l’inspecteur qui s’inspire d’Edgar P. Jacobs, l’auteur de Blake et Mortimer. Par la suite, j’ai dû trouver des personnages pour remplir certaines fonctions. Les jumeaux libraires en font partie. L’idée de la bulle « coupée en deux » est venue très naturellement, comme l’image d’un œuf monozygote qui se partage en deux.

Cette histoire au royaume des mots, à la fois poétique et absurde , est aussi une vraie enquête policière : est-ce le premier « polar » que vous imaginiez?
Je ne suis pas sûr que ce soit un polar. Le récit s’inscrit dans la tradition du roman policier à la Agatha Christie. Dans ce genre, l’accent est mis sur l’intrigue et sa résolution alors que dans le polar l’intrigue est secondaire, c’est l’ambiance et la psychologie qui comptent. La dimension ludique du Whodunit, avec son côté Cluedo, me convenait parfaitement. J’ai voulu toutefois ne pas complètement jouer le jeu en révélant au lecteur qui est le coupable avant la fin. L’énigme n’était qu’un prétexte à faire vivre cet univers de bande dessinée.

Ce choix d’un graphisme avec des couleurs pastel et où le blanc domine, est-ce pour donner un aspect intemporel à cette fiction?
Oui, c’est un peu ça. Je voulais donner un côté un peu étrange tout en sortant de certains clichés de l’histoire policière. D’où le côté méridional de la végétation, par ailleurs.

Enfin, quand les lecteurs pourront-ils vous rencontrer et échanger avec vous leurs impressions sur Bibelosse?
Des dédicaces ont déjà eu lieu et d’autres vont venir. Je serai notamment au salon du livre de Narbonne à la mi-mai.

Une affaire de caractères
François Ayroles
Editions Delcourt
16,95€
72 pages

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