Guillermo Lorca

Guillermo Lorca : un peintre sud-américain à la croisée de la peinture baroque flamande et de l’animation japonaise

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Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Né à Santiago au Chili, Guillermo Andrés Lorca García Huidobro est un jeune peintre de 30 ans. En 2005, il devient l’assistant du peintre norvégien Odd Nerdrum qui a une affinité particulière avec Caravage pour son réalisme implacable et Rembrandt pour son pittoresque et sa patience envers l’homme. Depuis, l’apprenti s’est émancipé et crée des toiles aussi étranges que fascinantes. A la croisée de plusieurs influences dont la peinture baroque flamande, ses tableaux ont des accointances avec l’univers des contes cruels des frères Grimm qui avaient l’art de raconter des histoires pour apprivoiser nos démons ordinaires. Y prospèrent des chiens de races diverses ( souvenir inconscient de la multiplication des chiens errants en Amérique Latine?) avec lesquels jouent souvent des enfants au regard troublant, reflet d’une douleur originelle indicible?
Invitation à vous faire votre propre impression, en mots et en images, sur cet artiste sud-américain prometteur!

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Pour commencer, pourriez-vous nous parler un peu de vous?
Je suis né au Chili et j’y ai grandi. J’ai étudié à Santiago et en Norvège avec l’artiste Odd Nerdrum. J’ai commencé à travailler très jeune. A 20 ans, j’avais déjà conçu une énorme fresque de 4×45 mètres pour l’une des caves à vin les plus importantes au Chili. J’ai vécu dans des endroits différents pendant de courtes périodes, mais je préfère rester dans mon pays, où je vis en ce moment… ce qui pourra peut-être changer au fur et à mesure que je vais commencer à internationaliser ma carrière.

Sur quels supports et avec quelles matières travaillez-vous?
Je travaille habituellement avec de l’huile sur toile.

Si l’on s’intéresse d’abord à la palette de couleurs que vous utilisez, on remarque immédiatement votre inclination pour l’ajout d’une touche très colorée ( du rose ou du vert piquants) qui semblent être des couleurs que vous utilisez pour  » trancher », ôter à vos toiles sa facture classique… on se trompe?
Il y a deux raisons pour lesquelles j’utilise des couleurs qui tranchent avec le contexte : la première est que je me donne la liberté de changer la couleur dont j’avais besoin au départ lors de la poursuite de la composition, sans suivre aucune règle. L’autre (dans le cas de la couleur de cheveux pour les filles) provient de l’influence de l’animation japonaise dans mes œuvres.

Vos toiles sont surtout peuplées de jeunes enfants et de chiens : pourquoi ces caractères en particulier?
C’est un monde où il n’y a pas encore d’adulte moralisateur ; on baigne dans le monde archétypal de l’inconscient, évidemment au travers de ma propre subjectivité. Pour l’instant, ces caractères font sens pour moi, je ne saurai vous expliquer entièrement pourquoi. Probablement qu’en évoquant des images de l’enfance, je peux me rapprocher de ce que je recherche.

Avez-vous des mentors en matière de peinture? Quand on observe vos toiles, on est immédiatement sensible à leur imprégnation baroque…
J’ai plusieurs mentors; pour une part, les anciens maîtres, la peinture baroque en particulier hollandaise et flamande. De cette époque, Rembrandt est mon préféré. J’aime aussi Velázquez, Tiepolo, Sargent, Monet, Sorolla, Gustave Doré, l’illustrateur Franz Von Byros…etc. D’un autre côté, il y a de nombreux artistes contemporains comme Helnwein, Nerdrum, Hirst, Freud et bien d’autres. Les films et animations sont également d’un grand intérêt pour moi. Et, dernièrement, le monde animal et les vestiges archéologiques des cultures primitives me passionnent et commencent à m’inspirer.

Vos œuvres jouent sur le contraste entre l’innocence et la débauche, l’esprit et la chair, la vie et la mort…c’est bien ça?
Mon travail en général est un ensemble de forces opposées comme Eros et Thanatos. Symboliquement c’est difficile pour moi de les séparer. Mon travail est à la fois une transgression de l’ordre établi et un débordement de l’être.

Vos toiles évoquent, certes, le monde de l’enfance mais en y mêlant subtilement un je-ne-sais-quoi de terrible…
Je souhaite que, dans mes tableaux, se produisent quelque chose de semblable à ce qui se passe dans les contes de fées, où il y a une narration très claire et simple mais également la combinaison d’événements et de symboles qui secoue l’estomac. Ce sont des histoires pour l’inconscient.

Comment naissent vos toiles? de visions? d’associations d’idées? Par exemple, comment est née  » Laura y los perros »?
D’abord une idée me vient à l’esprit, j’ai une vision de ce que je veux peindre. Ensuite, elle se concrétise réellement à travers un croquis, je compose l’image aussi bien que possible et, durant le processus, d’autres idées surgissent habituellement. Ensuite, je regarde pour les modèles et je compose à nouveau, en utilisant des photos ou des modèles vivants selon la peinture. Peindre est la dernière étape et je le fais à la manière des Anciens..

Vous travaillez donc parfois avec des modèles qui posent…. et parfois à partir de photographies de scènes préalablement prises ?
Oui, il s’agit d’un mélange. Ma méthode de peinture est similaire à celle d’antan, celle que l’on m’a enseignée. Mais, en ce moment, je commence à utiliser aussi la photographie et les nouvelles technologies pour atteindre la composition que je recherche.

Et la toile à la composition complexe:  » Fiesta de disfraces »? Une anecdote au sujet de sa création?
Cela a été particulièrement compliqué, je n’étais pas familier avec les compositions de haute complexité, j’ai modifié tellement de personnages que j’avais déjà peints! D’une certaine manière, j’ai peint ce tableau à deux reprises !

Quand êtes-vous satisfait d’une toile?
J’ai plus ou moins une idée de ce à quoi doit ressembler la toile finale ; il n’est donc pas difficile de le savoir. Le tableau suivant tente toujours d’améliorer ce qui ne me satisfait cependant pas dans le précédent; je ne peux pas espérer atteindre l’idéal en un seul tableau!

Enfin, avez-vous des expositions de prévues prochainement? Avez-vous déjà exposé en Europe? En France même?
Cela reste à voir, je dois définir mon programme à la fin de l’année. Il existe de nombreuses alternatives possibles aux États-Unis, en Espagne et en Italie que je dois évaluer. Mais pas en France pour l’instant.

Le site officiel de Guillermo Lorca

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