Balade en Terre d’Argence, là où le Flamenco d’Ana Perez a illuminé l’une des cités de l’antique Via Domitia !

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Par Blandine Dumazel – bscnews.fr/ Le festival Flamenco de la fin février fût l’occasion d’une balade dans Beaucaire, ville sur la rive droite du Rhône. Découverte…

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Ana Perez, bailaora flamenca en son âme profonde
Le flamenco a passé la frontière des Pyrénées depuis longtemps pour venir s’épanouir du côté de Nîmes, de Marseille, de Port de Bouc, jusqu’à Beaucaire en Terre d’Argence. Une région qui a connu des passages et des migrations diverses, de la Rome antique, bien sûr, puis du Bassin méditerranéen. Des confluences propices aux métissages des populations sur tout le pourtour de la Méditérranée, lequel est enrichi, aujourd’hui, de ces cultures plurielles venues d’ailleurs.Ana Perez, grandie à Marseille, est métisse. Elle est la fille du chorégraphe Patrick, d’origine antillaise et capverdienne et de Maria, venue de Salamanque. Un destin de danseuse flamenca tracé dès son jeune âge… sa mère, créatrice du centre Solea de Marseille, lui a légué le flamenco et la danse contemporaine est l’expression de son père, danseur chorégraphe. A Marseille, elle parfait sa technique auprès de Josette Baïz et s’expatrie en Espagne. Ce sera au contact des maîtres sévillans que sa passion se révèlera : Pilar Ortega, Adela Campallo, Mercedes Ruiz, Eva la Yerbabuena, Rocio Molina…Ana Perez vit toujours à Séville où elle continue à se former. La danseuse flamenca de Marseille s’est révélée au pays du flamenco originel, l’Andalousie. Très vite, sa carrière y a pris son envol. Elle a imposé son style, sa présence, sa danse tellement expressive, comme bouleversée par son âme. « Mon travail, c’est de transmettre mes sentiments les plus profonds » dit la jeune femme flamenca. Depuis, elle construit son parcours sur les meilleures scènes ibériques et en France, en Avignon, Mont de Marsan et Nîmes, en 2013. A Beaucaire, elle était à l’affiche du festival de Flamenco de l’association Tatafina.Ana Perez a enflammé le Casino Théâtre, entourée du danseur de Málaga, Moises Navarro Vergara, des chanteurs Jesus de la Manuela et Justo Eleria, du guitariste Manuel Gomez et du percussionniste Antonio Gomez El Kadu. Ana Perez, pour vivre toute l’émotion du Duende* de Garcia Lorca !
Situer la Terre d’Argence et découvrir Beaucaire
La Terre d’Argence réunit plusieurs communes riantes sous le ciel bleu, d’hiver ou d’été, de ce Sud que l’on a plaisir à découvrir tant pour son patrimoine historique, ses paysages diversifiés que ses cultures mêlées. Beaucaire jouit d’une situation géographique privilégiée dans un triangle délimité par Nîmes à l’Ouest, Arles au Sud, Avignon au Nord-Est. Une heure de route environ la sépare des grandes agglomérations comme Marseille ou Montpellier.
L’histoire… Beaucaire, Ugernum au temps des Romains, une ville relais sur la voie Domitia qui reliait l’Italie à l’Espagne (121 avant J.C.), est à l’époque d’Auguste le port de la cité de Nîmes, Nemausus. Au cours des siècles, la ville se tisse au fil du fleuve qui la borde, le Rhône. Elle eut la notoriété de son port de commerce, du XVe au XVIIIe, associée au retentissement international de sa Foire de négoces pour la fête de la Madeleine qui s’y tenait chaque année du 22 au 28 juillet. Le champ de Foire accueillait des commerçants arrivés du monde méditerranéen à l’Europe entière.
Extrait d’un article paru en 1840 : « La foire se tient dans l’intérieur de la ville et dans une vaste prairie bordée d’ormes et de platanes, qui s’étend le long du Rhône, et où l’on élève des milliers de cabanes et de tentes. Il y vient de tous pays, mais principalement de l’Espagne, de l’Italie et de l’Orient, un nombre immense de marchands. La variété infinie des costumes et la diversité des marchandises, des enseignes de boutiques, présentent le coup d’oeil le plus curieux, et dont on ne peut que difficilement se faire une idée ». Elle a succédé à l’antique foire d’Arles. Beaucaire, petite bourgade de l’époque, vit à l’heure des échanges commerciaux, une vie ouverte sur le monde, profondément intense et cosmopolite, déjà ! Au fil des années, Beaucaire va perdre de son prestige avec la transformation du monde par les fluctuations et modifications de la conjoncture économique internationale. Le Préfet du Gard écrit en 1813 : « La Foire de Beaucaire n’est plus ce qu’elle était jadis et chaque année elle déchoit de son importance …l’on comptait autrefois 80.000 âmes de population à Beaucaire pendant la Foire… cette année, il n’a pas été au-delà de 40.000. » Pour autant, l’activité des marchands continue d’enrichir la ville. Après 1789, les beaux hôtels particuliers et les belles demeures de construisent. Des ouvrages importants sont édifiés : la « Banquette », une digue de pierre pour protéger le centre ville des crues du Rhône, les Halles alimentaires et le Casino municipal. Le Canal creusé permet de relier Beaucaire au Canal du Midi. A visiter particulièrement à Beaucaire… Le Château sur la colline qui domine la ville, l’Abbaye de St Roman (Vème ), les églises Notre- Dame des Pommiers (XVIIIe) et St Paul (XIVe et XVe). Enfin, pour les passionnés du Livre et de l’Ecrit, il faut savoir que Beaucaire, comme Montmorillon dans la Vienne, est une cité dédiée au Livre.
Fin février, sous le ciel bleu balayé par des bourrasques de vent sec et froid, le soleil était d’hiver. Les beaux jours vont s’installer…faites donc une visite culturelle à Beaucaire !

* « Jeu et théorie du Duende », Federici Garcia Lorca. Editions Allia 2012.
** Vie et mort d’un grand marché international. La foire de Beaucaire (XVIIIe-XIXe siècles)
Pierre Léon. Revue de géographie de Lyon (Année 1953 – Volume 28 – Numéro 28-4 pp. 309-328

Crédit photo : Yvon Richard

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