Cyclisme : échappées pas toujours belles

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Par Marc-Emile Baronheid – bscnews.fr / A l’issue de classiques ardennaises monotones, voire ennuyeuses, les amateurs de sport cycliste se sont pris à rêver du temps pas si lointain où se forgeaient des épopées mémorables. On a même lu que c’était mieux avant. Vraiment ?

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On serait tenté de le croire, en parcourant l’histoire de Liège-Bastogne-Liège, course créée en 1892 – d’où son surnom de Doyenne – serpentant dans l’Ardenne belge, région riche en côtes appelées bosses et témoin de hauts faits guerriers. Son palmarès ne ment pas, qui compte l’inévitable Merckx, mais aussi les Kubler, Ockers, De Bruyne, Anquetil, Van Looy, Hinault, Argentin, Valverde. Aussi un certain Depredomme, Flamand né en France et surnommé Prosper Youp la Boum. Riche de ces anecdotes dont tout supporteur adore faire son miel, l’ouvrage se lit à grandes guides, comme une chanson de geste, voire un roman de cape et d’épée. L’édition de 1967 courue sous le vent, la grêle, la neige voit Louison Bobet terminer neuvième, longtemps après ses coéquipiers qui ont abandonné prématurément. Rentrant à l’hôtel, il les retrouve déjà douchés et attablés. Son directeur sportif, Antonin Magne, lance à la cantonade : « Messieurs, levez-vous, voici qu’entre un homme, un vrai ».
Fort heureusement, le tableau d’honneur n’est pas souillé par la présence d’un certain Lance Armstrong, grand dissimulateur courtisé et décoré par un président de la République. Il a suscité un Ventoux de dithyrambes, un Galibier de superlatifs, avant d’être confondu par quelques enquêtes déterminées et peu sensibles aux manœuvres d’intimidation. Les ouvrages de ses détracteurs remplissent un long rayon de bibliothèque. Derniers en date, ceux de Juliet Macur, grand reporter du New York Times et du tandem Albergotti-O’Connell, journalistes d’investigation au Wall Street Journal. La première, journaliste sportive, démontre comment l’idole de la Grande Boucle s’est appuyé sur le programme de dopage le plus sophistiqué jamais mis en place, érigeant autour de lui « une forteresse humaine afin de protéger son image, quitte à mettre en péril l’existence de qui oserait se dresser sur sa route ».
Les scoops et révélations d’Albergotti – O’Connel ont contribué à la chute d’un empire fondé sur la faillibilité des hommes lorsqu’ils croisent le pouvoir, rencontrent de colossaux intérêts économiques, s’affranchissent de toute morale. « Itinéraire d’un salaud » : c’est le titre de la radiographie sans équivoque d’un parcours qui a ébranlé le sport cycliste et menacé la compétition sportive la plus populaire et la plus pourvoyeuse de rêves au monde.
Certes, Armstrong présent, jamais trente coureurs ne seraient arrivés ensemble au pied de la dernière difficulté de Liège-Bastogne-Liège. Mais était-ce mieux à l’époque ? Prié de se soumettre au contrôle anti-dopage à l’issue de sa victoire à Liège-Bastogne-Liège 1966, Jacques Anquetil avait refusé sur un « J’ai avec moi un médecin en permanence et je suis assez grand pour savoir ce que j’ai à faire ». Et le champion de s’en aller avec la superbe d’un futur châtelain des Elfes …

« Liège-Bastogne-Liège, une Doyenne vénérable et vénérée », Didier Malempré, éditions Cefal ( www.cefal.com ), nombreuses photographies. 12 euros
« Cycles de mensonges – Grandeur et décadence de Lance Armstrong », Juliet Macur, éd. Michel Lafon, 18,95 euros

« Lance Armstrong, Itinéraire d’un salaud », Reed Albergotti/ Vanessa O’ Connel, éd. Hugo Sport, 19,95 euros

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