Le mythe de Dom Juan revisité par un tandem aussi cocasse que séducteur

par
Partagez l'article !

Par Florence Gopikian Yérémian – bscnews.fr/ Il y a François Lis (le grand) et Alexandre Bidaud (le petit). Avec leur allure de Laurel et Hardy, ils se complètent à ravir et annoncent sans détour la couleur allègre de leur représentation théâtrale. Par delà leur attrait pour les œuvres de Molière, il est évident que ces joyeux drilles apprécient également les challenges : Pourquoi sinon s’évertuer à jouer Dom Juan en tête à tête alors que la pièce originale compte près de vingt personnages !?! C’est donc avec fougue et conviction, que ce valeureux duo s’est lancé dans ce défi : alternant tour à tour les rôles d’Elvire, de Dom Carlos, de Mathurine ou celui même de la statue du commandeur, ils réinterprètent avec justesse et humour l’ensemble des cinq actes du Festin de Pierre.

Partagez l'article !

Avec sa taille haute et ses yeux de braise, l’élégant François Lis incarne un Dom Juan des plus persuasifs. Jouisseur, cynique, pervers, il n’hésite pas à outrepasser son rôle, en allant même lutiner ses victimes parmi les demoiselles du public. Les toisant du regard, ce libertin prend ses libertés et leur déclare ouvertement sa flamme de sa voix ténébreuse ! La provocation fonctionne à merveille : les maris-spectateurs sont décontenancés tandis que les belles se pâment réellement devant cet épouseur de toutes mains ! Pour contrebalancer l’arrogance de ce seigneur insatiable, Alexandre Bidaud endosse à répétition son rôle de metteur en scène et le réprimande vertement. Il se réincarne ensuite en un Sganarelle des plus réalistes en adoptant d’amusantes postures dignes d’un Quasimodo du XVIIe siècle. Menteur, poltron, jouant sur les deux registres, il prend le public à témoin de la méchanceté de son maître et nous fait des confidences quitte à se faire bastonner sur les planches!
Les deux compères sont aussi cocasses qu’arrogants. Même s’ils ne maitrisent pas vraiment les rôles de femmes et exagèrent l’attitude loufoque des paysans, ils s’accaparent toute la salle et nous font engloutir les 27 scènes de Dom Juan avec une effarante légèreté. Certes, l’aspect dramatique de la pièce est un brin désacralisé mais cette réadaptation apporte une grande fraicheur à l’œuvre de Jean Baptiste Poquelin : la mise en scène est audacieuse, les comédiens déchainés et le texte magnifique. Si l’on pouvait éviter les gros mots ce serait parfait : il n’est nul besoin de goujateries pour actualiser du Molière !

Duo pour Dom Juan
D’après Molière
Mise en scène : Stéphanie Wurtz
La compagnie Ornithorynque : Alexandre Bidaud & François Lis

Théâtre de l’Essaïon
6, rue Pierre au Lard – Paris 4e – Résa : 01 42784642
Jusqu’au 19 mars 2014 Les mercredis à 20h – Relâches le 25 décembre 2013 et le 1er janvier 2014

A voir aussi:

La trilogie Münchausen : place aux joutes oratoires du Grand Siècle!

Escort-moi ou quand deux êtres refont leur monde

Kheiron : le prince du stand up

Frederick Sigrist : une autopsie politico-sociale pour dépeindre l’actualité

Belle performance schizophrénique dans la « Hot House » de Pinter !

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à