Poésie : Marc Delouze présente les nouvelles voix de la Méditerranée

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Par Nicolas Vidal – bscnews.fr / Marc Delouze a été à l’origine du Festival des Voix de la Méditerranée de Lodève tout au début de l’aventure. Il est à présent de retour en tant que conseiller littéraire de l’événement et surtout poète. Il nous parle de sa méditerranée, de ses ami(e)s poètes, de son engagement littéraire et de la place de la poésie dans nos sociétés.

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Marc Delouze, on vous présente souvent avec de nombreuses casquettes : poète, voyageur, organisateur d’événements poétiques ou encore conseiller littéraire. Justement, vous participez à l’organisation du Festival des Voix de la Méditerranée. Quel est votre rôle au sein de cet événement ?
J’en fus le co-fondateur et le premier conseiller littéraire pendant les trois premières années, grâce à mon expérience et mes connaissances et contacts des poètes du monde méditerranéen. Puis, après 10 années d’absence, et suite au départ quelque peu chaotique de l’ancienne directrice, la ville de Lodève m’ayant demandé de revenir, c’est avec un grand bonheur que j’apporte ma contribution à ce festival qui me tient à cœur, cette contribution consistant à proposer les meilleurs poètes des pays qui bordent ma Méditerranée.

Quel sera le fil rouge de cette 16e édition des Voix de la Méditerranée ?
Donner à entendre les voix qui témoignent de l’immense diversité des situations dans ces pays qui, tous, du nord au sud et d’est en ouest de la Méditerranée, sont en effervescence, voire en difficulté.

Quels les personnalités chères à votre coeur qui y seront présentes ?
Je choisirai des femmes, car elles s’imposent par leur courage et leur volonté de s’inscrire dans des luttes pour des libertés dont, le plus souvent, elles sont, les premières, privées. La Roumaine Marta Petreu, la Syrienne Aïcha Arnaout, l’Albanaise Rita Petro, la Maltaise Claudia Gauci, la Macédonienne Katica Kulavkova, l’Algérienne Noria Adel… Mais aussi, bien sûr, Michel Butor, immense personnage que je connais depuis plus de 30 ans, et dont la « jeunesse » fera rayonner chacune des journées du festival.

En tant qu’agitateur de poésie, quel regard portez-vous aujourd’hui sur la place de la poésie dans la vie littéraire française ?
Dans la « vie » littéraire, peu de place, dans la littérature en soi : elle en est le cœur battant. Par ailleurs, je ne me sens guère « agitateur de poésie », mais, en tant que poète moi-même, je me souhaite passeur et promoteur d’une poésie vivante, hors des normes et des codes, ennemie des poncifs poétisants et des conformismes quels qu’ils soient, fussent-ils parés des oripeaux des fausses modernités.

Quelle est la place du poète aujourd’hui dans la société ?
Souterraine, donc œuvrant à la racine des choses : autant dire fondamentale !

Parvient-il à se faire entendre ou ne le souhaite-t-il pas à votre avis ?
Ce que souhaite le poète en lui-même m’importe peu : certains ne le souhaitent pas, et il faut respecter leur choix de vivre leur poésie dans un certain secret, d’autres le souhaitent, mais peu s’en donnent les moyens, si ce n’est en se lamentant sur le peu de place qui leur est « offerte ». Ce qui m’importe au plus haut point en revanche, c’est que les voix des poètes, leurs poèmes puissent rencontrer le plus grand nombre d’oreilles possibles.

Des festivals comme les Voix de la Méditerranée ou bien les Parvis Poétiques que vous dirigez ne sont-ils pas des solutions viables à faire redécouvrir la poésie ?
Que les voix « solitaires » des poètes parlent aux oreilles multiples, et ainsi parviennent aux oreilles solitaires de tout un chacun, c’est ce à quoi je travaille depuis plus de trente ans, à travers Les Parvis poétiques depuis 1983, puis le festival Le 18e tout un poème (Paris/Montmartre), puis les Voix de la Méditerranée aujourd’hui, apportent d’irremplaçables contributions à ce que je considère comme un besoin absolu – quoique inconscient le plus souvent, de poésie dans nos sociétés.

À votre avis, quelle est la plus grande qualité de la poésie ?
Le plaisir de l’inconfort intellectuel, l’inconfort du plaisir esthétique.

Et son plus grand défaut ?
L’autosatisfaction et son corollaire, l’autocélébration..

Vous oeuvrez beaucoup pour la poésie et vous avez aussi beaucoup publié. Travaillez-vous sur un nouveau livre aujourd’hui ? Si oui, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
J’accumule des textes poétiques dans un fichier que j’ai intitulé (provisoirement ?) L’ivre de fin.
J’ai deux manuscrits inédits, l’un terminé : Les confitures de la mémoire, qui sont une suite de courtes histoires en prose, l’autre Chroniques du Purin, des « nouvelles enchaînées » qui sont des dialogues avec des écrasés d’Auschwitz, d’Hiroshima, du Goulag, etc.

Pour finir, pouvez-nous présenter les Parvis poétiques ?
Créée en 1923, à l’occasion du 1er festival que j’ai monté à Martigues, l’association a permis d’inventer mille formes d’interventions poétiques dans la cité, tant en France qu’à l’étranger.
Mais le mieux serait peut-être de s’informer, si on en a le désir, en allant visiter le site : www.parvispoetiques.fr.

Le site officiel du Festival Voix de la Méditerranée ( du 16 au 21 juillet 2013 )

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