Amélie Nothomb : une vie entre deux eaux

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Par Laureline Amanieux – bscnews.fr / « Quand j’ai quitté le Japon, j’ai vraiment été poignardée de nostalgie » déclare la romancière Amélie Nothomb. Ayant vécu au Japon les années fondatrices de son enfance, elle a construit sa vie et son œuvre littéraire autour d’un « manque du Japon ». Entre l’Occident et l’Asie, elle se sent toujours « entre deux eaux ».

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On devine quelle émotion fut la sienne lorsque nous lui avons proposé de retourner dans « son » pays. Amélie Nothomb avait toujours refusé les propositions de documentaire : pour la première fois, elle accepte de nous emmener dans un voyage intime, à la source de son écriture, sur les traces de ses souvenirs et des personnages de son passé qui inspirent quatre de ses romans autobiographiques : Stupeur et tremblements, Métaphysique des tubes, Biographie de la faim et Ni d’Eve ni d’Adam.

Si je devais résumer par un seul mot notre voyage, ce serait « Natsukashi ». C’est lors de ce voyage, qu’Amélie Nothomb comprit véritablement le sens de ce mot japonais, désignant une nostalgie toute particulière : une nostalgie… heureuse.

« Natsukashi », c’est le moment de la réminiscence, le surgissement proustien du souvenir longtemps enfoui qui frappe la mémoire d’un éblouissement nouveau. Chaque étape de ce voyage permet à la romancière de se rappeler des évènements oubliés : de Kobé à Kyoto, de sa maison d’enfance à l’école primaire japonaise, puis aux lieux-clefs de l’âge adulte à Tokyo, lorsqu’elle revint travailler dans cette ville, espérant s’y installer pour toujours.

« Natsukashi », c’est un bouleversement, quand les larmes sont vaincues par la joie des retrouvailles. Celles que nous avons filmées avec son ancienne nourrice, Nishio-san, sont de cet ordre-là. Même nous, nous pleurions derrière la caméra, car Nishio-san fut comme une seconde mère pour la romancière.
« Natsukashi », c’est la langue qu’Amélie croyait perdue, et qui lui revient aisément si bien que dès son arrivée, elle communique directement en japonais avec les Japonais. C’est son identité rêvée de petite fille qui renaît sur le bout de ses lèvres, même si aujourd’hui elle comprend qu’elle a été plutôt « une ébauche de japonaise », dit-elle.

« Natsukashi », c’est mon souvenir d’Amélie Nothomb qui marche devant un palais de Kyoto, dans la lumière rasante de la fin d’après-midi. Elle s’arrête devant un Tori. Pour les Japonais, le Tori est une porte ouverte sur le sacré. Elle ajoute alors : « et c’est cela la Littérature : poser une porte n’importe où et entrer dans le sacré ».
Après ses quatre romans autobiographiques dédiés au Japon, Amélie Nothomb en écrira peut-être un cinquième, né de ce voyage, quand la nostalgie deviendra pour elle grossesse et enfantement, quand elle sera cette jouissance d’écrire qui sauve de tout – même de la perte.

Amélie Nothomb, Une vie entre deux eaux.
Un film de Laureline Amanieux et Luca Chiari, 52 mn.
Produit par Cinétévé.

Lien : http://documentaires.france5.fr/documentaires/empreintes/amelie-nothomb-une-vie-entre-deux-eaux

Ce document sera prochainement diffusé entre autres à Perpignan le 15 novembre à 19h10 à la cinémathèque euro-régionale – Institut Jean Vigo suivie d’une rencontre avec Amélie Nothomb et Laureline Amanieux organisée par Languedoc-Roussillon Cinéma et Languedoc-Roussillon Livre et Lecture – Entrée libre

( Le site officiel du festival / Le site officiel de Languedoc Livre et Lecture / Le site officiel de Languedoc-Roussillon Cinéma )

(Copyright photo : Yumeto Yamazaki )

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