Arthur Harel : les Fragments de sa création

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Par Estelle Bescond – bscnews.fr / Débutant le théâtre à 9 ans, la danse à 12 ans et la chorégraphie à 19, Arthur Harel, âgé seulement de 21 ans, est un artiste complet grâce à une formation qu’il qualifie lui-même de pluridisciplinaire. Rencontré dans un café parisien, ce jeune homme aux nombreuses expériences d’acteur et de danseur, partage quelques « Fragment(s) » de sa création…

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« J’avais envie d’aller au plus profond dans l’histoire d’une relation »
A la base, « Fragment(s) » est un court métrage co-réalisé avec un jeune metteur en scène colombien, James Carvajal, et co-écrit avec la scénariste Laure Boyer. C’est l’histoire d’un jeune homme passionné de photographie, et surtout passionné par la femme qu’il aime. Il va la photographier tout au long de sa vie jusqu’à ne plus savoir faire la différence entre l’objet artistique et la relation amoureuse qu’il entretient avec elle. J’ai abordé cette thématique à travers l’image grâce à des corps filmés, des découpages, des plans, des lumières, des cadres…

« Avec Adeline Picault, on s’est tout de suite trouvés »
Après ce court métrage, j’ai eu envie d’aller plus loin. Cette histoire d’amour, d’inspiration non contrôlée, de fougue et de violence artistique m’avait incité à pousser les comédiens dans un jeu très corporel. Il m’a donc paru intéressant de tenter l’expérience avec des danseurs et de collaborer avec une auteure, Adeline Picault. Je l’ai rencontrée par le biais d’un auteur et ami, Rémi Devos. Il y a eu une rencontre évidente entre elle et moi, un langage commun et une même vision de nos arts respectifs. On s’est tout de suite trouvés. Je lui ai parlé de Fragment(s) et lui ai montré, une unique fois, le court-métrage. En deux mois, elle a écrit un monologue d’une heure, avec ses mots, son théâtre, sa poésie et en pensant directement à la danse. Par la suite, je me suis installé un mois en résidence d’artiste à la Villette grâce au soutien de « Initiative d’artiste en danse urbaine ».

«Le texte va et vient entre le corps des danseurs et la composition musicale »
J’ai abordé le texte d’Adeline Picault de différentes façons avec les danseurs. On a travaillé le corps dansé et le corps parlé, la manière dont un texte et des mots peuvent être transcendés et prolongés par le mouvement. Le texte intervient donc à la fois dans le corps des danseurs et en voix-off, à travers la composition de Corentin Giniaux où l’on entend le monologue. Après la réalisation de cette pièce chorégraphique, j’ai repris le monologue et je l’ai joué seul en scène. J’ai donc réinvesti le texte autrement après l’avoir traversé par la réalisation puis par la danse. C’est en ce sens que, pour moi, « Fragments » est un triptyque : d’abord un court-métrage, puis une chorégraphie et enfin un solo.

« Pour qu’un danseur soit libre il faut lui donner des contraintes »
Quand j’arrive en résidence avec les danseurs, les deux premiers jours sont assez libres pour qu’une rencontre se crée. Je prends l’initiative d’aller autre part, de leur donner des directions imprévues, de proposer des duos, d’observer ce qui s’y passe et de capter un instant. Je pense, pour qu’un danseur soit libre, qu’il est nécessaire de lui donner des contraintes. S’il n’a aucune barrière, il sera perdu. Je l’encadre donc pendant ces temps improvisés avec des règles mais je le laisse libre avec ses propres mouvements à l’intérieur de celles-ci. Les étapes de construction d’une pièce sont une expérience humaine forte et passionnante.

« Je suis un faiseur de corps et d’histoire sur un plateau »
Mon métier c’est chorégraphe… Et comédien. En fait, je suis un faiseur de corps et d’histoire sur un plateau. Je travaille avec des individualités. Je pose un regard sur leur histoire personnelle pour y créer du fictif ensemble. Si c’était vos yeux, autre chose naitrait. Une compagnie c’est un lieu de rencontre, de partage et d’échange chapoté par le regard de quelqu’un et ce regard, c’est le mien. Je ne suis pas un chorégraphe qui ne s’attache qu’à la danse avec une technique bien précise. J’aime faire avec ce multiculturalisme et cette polyvalence des arts. C’est pour cela que j’incorpore de la vidéo, différents styles de danse ou encore de la parole. Tout est lié pour être au service d’un même propos. C’est cela qui fait la danse. Cette dernière est tout autour de nous : dans ce café avec les va et vient des serveurs et serveuses, des gens assis à table, de vous et moi qui observons. Nous faisons déjà naturellement beaucoup plus. Sans le mouvement, rien ne se crée, avec, tout se transforme.

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